- Détails
- Écrit par Seb et Géraud
- Création : 9 juillet 2012
- Affichages : 3239
Les Zozos de l'Hérault
Participants : Seb, Géraud et Niko.
Texte : seb géraud niko
Jour 1 : enchainement voie Desmaison + Grand Livre
Nous partîmes de Bordeaux Vendredi vers 6H (euh, 06h 15 peut-être, j'étais un peu en retard sur l'horaire prévu) et traçâmes vaillamment notre route jusqu'au village de Mons, au bas des gorges d'Héric, dans le massif du Caroux. Il était environ 10 h et une belle journée d'escalade s’annonçait.
1er temps: Laisser la voiture au parking du bas des gorges d'Héric; trier le matériel et partir, équipés, vers la "voie Desmaison" que nous voulons enchaîner avec , ensuite, le "grand livre". http://www.topo-thaurac.com/ (chapitre sur le Caroux)
2ieme temps: Nous atteignons le secteur de départ de la voie Desmaison.
Après repérage du dièdre caractéristique de la longueur 3, depuis le bas,
nous finissons par identifier le point de départ (qui est d'ailleurs indiqué par un panneau fixé sur le rocher).
3ieme temps: L'Escalade. Je pars en tête (12h) avec Niko et Seb chacun sur un brin d'un rappel de 50m.
La première longueur est avalée , sans excès de vitesse, sans heurt non plus. J'apprends, au relais, que Seb avait glissé sur la dalle de départ (un peu mouillée), mais l'assurage fut efficace (efficace certe, mais avec l'elasticité de la corde, Seb se retrouve allonger au sol, mais en douceur. Idéal pour une mise en confiance ;-)). La deuxième longueur démarre à droite d'un petit dièdre rouge. Je coince joyeusement quelques friends et coinceurs dans de belles fissures. R2 bien équipé. La troisième longueur est la clé de la voie. Cette fois-ci je "galère" un tout petit peu pour mettre un petit friend dans l'espèce de goulotte qui conduit au bas du dièdre. Dans le dièdre (5c) je mets encore un friend, puis profite des 2 broches judicieusement installées là et me rétablis au R3. Seb puis Niko savourent à leur tour ce dièdre bien franc. Dernière longueur sans problème; après quelques louvoiements, nous atteignons le haut de la tout carrée d'aval. Yapluka trouver ce fameux cheminement direct vers la tour carrée d'amont. On l’aperçoit rapidement ( après avoir, il est vrai, interviewé une autre cordée qui arrivait au sommet en même temps que nous): une main courante horizontale menant à un rappel. Du bas du rappel, nous nous transformons en sangliers, franchissant les buissons et les pas de 2 jusqu'au R1 du "grand livre": un magnifique dièdre donc le fond est une fissure bien droite, large à la base, et se rétrécissant progressivement vers le haut.
A cette vue, je m'exclame (plein de snobisme): "quelle fissure Yosémitique" , alors qu'elle est avant tout Caroutique et pourrait certainement être alpine ou pyrénéenne ou ... N'empêche qu'elle m'émeut profondément. Niko m'explique que c'est tres simple: tu classes les friends par ordre décroissant sur le baudrier, puis tu les installes dans le même ordre dans la fissure. OK. J'applique: 1er friend (neuméro 4) [faut être motivé pour le transporter celui-là, mais en fait c'est Niko qui l'a transbahuté tout le long ...] au 3ieme metre, deuxième friend au 6ieme metre (après avoir un peu remonté le premier, un vieux truc caroutique) et là, erreur, je tente de placer un friend trop petit; Niko et Seb m'informent de l'endroit où se trouve le bon friend sur mon baudrier , et alors plus de problème et hop, il y a un répit; puis je continue la fissure, cette fois-ci deux broches successives protègent parfaitement et enfin , réta, et relais. Yop. Seb attaque à son tour, tout à la fin il sort un peu trop tôt de la position "Dülfer" [NdRG: ce n'est pas du snobisme, c'est l'expression consacrée, les francais n'avaient qu'à l'inventer eux-mêmes s'ils ne sont pas contents] et fait un petit vol plané avant de sortir; puis Niko nous rejoint. J'arrive à prendre quelques photos tout en assurant (le reverso, c'est tout de même super). Maintenant, je vais droit sur une chaine, place un coinceur et m'aprête a en installer un autre au-dessus pour faire un petit pas de 6(a ou b ?) mais Niko me conseille vivement de mousquetonner, avec l'autre corde une autre chaine bien à ma droite, je termine ensuite en traversée vers la gauche: j'ai chunté le pas de 6 (a ou b ?), gosh, mais c'est assez joli quand-même . Ensuite, je fais relais (sur béquet + arbuste), coince la corde verte, me dévache pour aller la décoincer, me remets au relais , assure Seb et Niko et apprends que le pas chunté était du 6a. Il doit être vers 18h. Nous sommes heureux mais pensons déjà à la suite: redescendre à la voiture et siroter quelques boissons fraiches, accompagnées de quelques gateries , éventuellement les pieds dans l'eau du torrent. Complément: au cours de toutes ces longueurs, la roche, déjà grenue, grenait encore [ceux qui n'apprécient pas les allusions à la littérature "Grecque" sauteront cette phrase] i.e. le granit présentait souvent des aspérités bien commodes pour les pieds.
Jour 2 : enchainement arête des charbonniers + Arête SW de l'aiguille de Godefroy
Après une première journée découverte en second du granit et du terrain
d'aventure qui fut bien difficile, autant dire que je ne pars pas avec
le plein de confiance !!! Du coup dans ce type de situation, il ne vaut
mieux pas penser à l'objectif (faire un combiné arête des Charbonniers
et arête Godefroy) mais juste se focaliser sur le moment : objectif
prendre son pied en grimpant.
En parlant de pied, après le petit dej. au village, par acquis de
conscience, j'ai percé mon hématome sous unguéal. A la différence
d'hier, je pourrai utiliser ce pied sans problème. L’accès au départ de
l'arête des Charbonniers ne pose pas de problème, une sente vaguement
marquée et parsemée de cairns nous permet de trouver le départ bien
caractéristique de la voie: un dièdre incliné et moussu. Ensuite il faut
suivre l'arête au mieux. C'est jamais très difficile, il y a un peu
d'ambiance mais pas trop, tout ce qu'il faut pour que le mental revienne
au beau fixe. Finalement le plus dur dans cette découverte du terrain
d'aventure, c'est trouver le bon moment pour installer un relais. Donc
je vise les petits arbustes qui se trouvent dans les dièdres. Cela fait
au moins un point du relais sur lequel on peut avoir confiance. L'arête
se déroule très bien avec un passage en corde tendue et l'on arrive un
peu après midi au sommet.
Niko nous guide alors vers la suite des réjouissances : l'arête SW de l'aiguille Godefroy.
Le départ de la voie se fait au niveau d'un 2 peint sur le rocher. (photo Orel 2011)
Les explications du topo de camptocamp nous font douter mais la photo d'Orel nous rassure. Depuis qu'ils sont passés le lichen a bien poussé... D'ailleurs il n'y a pas que le lichen qui pousse bien par ici, la mousse est bien présente pour une arête « très » parcourue … Après une pause pique-nique, nous repartons pour une première longueur qui rattrape l'arête avec quelques jolis mouvements de IV. Ensuite nous suivons les indications du topo de camptocamp avec toujours le même principe : faire au mieux et quand cela devient difficile à protéger c'est qu'il y a un piton dans le coin. Avec ces quelques recommandations de Niko, notre maître du week-end, cela passe sans problème. Seulement à 2 reprises j'aurais des soucis pour placer mon relais : la première fois, en bout de corde je ferais un relais plus fragile sur des petits arbustes et un friend et la deuxième fois, à trop lire le topo, je m’arrêterais au premier becquet sur la vire de l'avant dernière longueur alors que 10 mètres au dessus une lunule équipée d'une sangle m’attendait pour le relais (pour le coup je ne suis pas très fier). La dernière longueur est très jolie, un cheminement complexe avec du gaz mais des mouvements très faciles. Le dernier relais se fait sur un vague becquet et 2 friends. Il reste 10 mètres faciles jusqu'au sommet sur une dalle grenue …
La descente du sommet demande un peu d'attention puis de bons sentiers nous permettent de poursuivre en mode rando dans un paysage aux belles couleurs du soir.
Il est déjà 18h30 et nous entamons la descente avec un détour par le refuge de Font Salesse pour mieux accréditer la thèse du week-end repérage.
Après les parterres de genêts jaunes du Canigou ... la lavande mauve du Caroux !
Ensuite nous accélérons un peu la descente pour pouvoir réaliser le combiné mauresque/pinot, bière de récup et grillade.
Autant prendre des forces car demain une autre défi m'attend : enchaîner
deux 6b athlétiques en second. Niko lui non plus n'est pas convaincu de
mes capacités à m'en sortir, mais il est sympa Niko il évite de me le
dire
Au final, superbe journée, avec pour moi une « initiation » à l'escalade
en terrain d'aventure d'une quinzaine de longueurs.
Jour 3 : Carmina Burana à Saint Guilhem de Désert
La nuit ne fut que moyennement clémente: deux averses nous ont réveillés
et (un peu) mouillés , vu que nous bivouaquions SUR une grande bâche,
sans quoi que ce soit qui ressemble à un toit.
Néanmoins, l'horaire c'est l'horaire: nous nous levons vers 6H et
partons vers le village de St Guilhem le désert. Nous traversons tout
le village (qui est superbe) jusqu'à trouver la camionnette du
boulanger à qui nous achetons les ingrédients solides de notre
petit-déjeûner, que nous amenons dans le café le plus proche afin d'y
déguster, outre ces ingrédients, des boissons chaudes (en fait nous
trouvons le boulanger dans le café et tout se déroule en ordre inverse
mais peu importe, le topo de cette partie-là de notre escapade est
commutatif [ce n'est pas du snobisme, sinon j'aurais dit "abélien",
mais ca n'aurait servi à rien puisque c'est l'escalade qui vous
intéresse, reconnaissez-le]).
Nous restructurons le matériel afin de nous lancer, cett fois-ci, dans
une grande voie "sportive": la "Carmina Burana" (TD+, 180m, 6b, voir
http://www.topo-thaurac.com/
, chapitre sur St Guilhem). Niko l'a déjà
faite il y a 3 ans et accepte de me laisser passer en tête; et de
grimper avec le sac; sa présence nous garantit, entre autres, que nous
n'allons pas nous paumer.
Nous empruntons le sentier Est-Ouest qui part de St Guilhem et nous
dirige vers les falaises. Nous apercevons rapidement la silhouette
altière de la "Bissonne"
une sorte de proue de navire,
verticale dans sa première moitié et déversante dans sa seconde
moitié. Et nous savons que Carmina Burana se fraye un chemin la-dedans
(goulps, ma raison maintient que c'est faisable, on a l'entrainement,
le niveau technique, le matériel adéquat, mais un de mes circuits
neuronaux, mal connecté à la raison, est en violent désaccord...). Un
peu de sanglierie, suivie de chamoiserie, pour atteindre le bas du
rocher d'où, en une dizaine de mètres j'atteins R0, et c'est parti !
le circuit neuronal mal embouché capitule, l'envie de grimper reprend
le dessus.
La première longueur (5c+) met bien en jambes et en bras; après
quelques mètres en rocher moyen, je réalise que je suis dans un rocher
bien compact et "dense en trous", un vrai "gruyère", idéal pour
l'escalade
[NdRF: de l'emmenthal, en fait, comme me le fait souvent remarquer ma
vendeuse de fromage, qui, d'ailleurs, pratique l'escalade].
Parfois deux trous communiquent entre eux ce qui crée un conduit où on
peut placer une sangle que l'on mousquetonne; tres souvent, des
grosses cordelettes sont déjà installées dans de tels conduits
[NdRM: si bous préférez, le genre, g, de la surface de la Bissone, est
un entier très grand].
[NdRG: juste une référence grimpesque: ca rappelle les "rognures d'ongle d'Allah",
aux deux aiguilles (un secteur de la montagne Ste Victoire, vers Aix-en-Provence);
mais les rognures de la Bissone sont plus petites].
On atteint tous R1 sans encombre.
Je gravis L2 (6a+), avec juste une
encombre: je vole une fois avant de passer un pas où l'émenthal se
rapproche davantage du gruyère; mais ce passage est très court. Niko
et Seb surmontent l'encombre sans vol (ou survolent l'absence de trou,
sans encombre, bref, ils maitrisent le passage).
Seb dans le pas de 6a+ (L2).
Je ne me rappelle plus bien L3 qui ne devait pas être difficile (mais
belle, probablement).
Nous passons tous L4 (en 6a+) avec brio. L5 consiste
a parcourir une vire à bicyclette, de droite à gauche, mais à pieds.
La vire des autobus ... enfin des autobus Majorette !
Nous sommes alors au pieds des difficultés: L6 et L7 en 6b athlétique.
Ben oui, c'est exactement ce qui est prédit par les topos et les
copains: c'est déversé tout le temps et donc, il ne faut pas mollir
sur les avant-bras. J'y vais donc franco, sans précipitation, mais
sans repos et, finalement, assez bien; l'ementhal reste dense en
trous, la seule difficulté est le dévers.
Comme dit Niko: vu qu'on
est devenus des " hamsters de salle d'escalade", on est adaptés à ce
genre d'effort. [NdR: Vous pouvez relire, tout est sincère,
véridique; le récit de L9 est nettement moins intéressant et vous
pourrez le passer rapidement] Seb passe inpeccablement L6 ,
mais vole dans le dernier passage de L7.
Niko, qui transporte le sac,
enchaine sans repos (pas exactement ... j'ai fait un petit vol dans L7 ;-))). Bon, on est maintenant tranquilles: on ne peut
certes plus reculer (pas de rappel possible dans ce devers), mais on
peut difficilement échouer, maintenant que l'on a réussi les longueurs
les plus dures.
L8 (6a+) débute dans un dièdre déversé (facile pour
les hamsters :-)) et continue par une traversée de gauche à droite:
traitrise, les trous, au lieu d'être bien creux, deviennent plats ou
ronds et me fatiguent de plus en plus; stop, je prends un repos; puis
je repars jusqu'au relais R8, dans une superbe grotte, apte à
acueillir 10 grimpeurs pour un bivouac. Mais goshgopshgosh, j'y pense
une fois arrivé au relais: je n'ai parfois mousquetonné qu'un brin de
rappel sur les deux, donc Seb et Niko ne vont pas être bien assurés.
Damned, c'est trop tard. J'espère que le premier à passer (il s'agira
de Niko) aura la délicatesse de remousquetonner le rappel du
troisième, de facon à limiter à une personne le nombre de mal-assurés;
c'est ce qui arrive: Niko rétablit la situation, mais ... il vole !
bon, tout se termine bien quand même. Seb nous rejoint sans problème.
Maintenant L9: je sors de la grotte par son bord gauche et m'élance
dans une jolie traversée, d'aspect débonnaire , ascendante, de droite
à gauche; après un pas de 5c, qui n'est pas très dur, mais sollicitant les
doigts, et trois mousquetonnages, puis des difficultés à avaler la
corde, suivies d'une décision d'enlever une sangle que j'avais posée
sur un arbuste et qui provoque trop de tirage, je suis saisi par une
crampe dans l'avant-bras, je mise donc sur l'autre, ... qui me lâche
et est pris de crampes à son tour. Sans vouloir inquiéter Niko et Seb
je crie néanmoins à chaque crampe (ca défoule et amoindrit un petit
peu la douleur). Je fais un rapide bilan:
1: la mutation en hamster n'est pas achevée
2: il faut faire quelque chose en attendant
3: Niko et Seb se bidonnent, donc ne sont pas inquiets.
Ben je me repose, tout simplement; de temps à autre
j'essaie de repartir et suis repris de crampes. Apres 1/4 d'heure de
ce numéro pitoyable, je repars avec précautions et finis par faire le
relais R9, sur les racines de deux arbustes, comme indiqué sur C2C.
Seb, puis Niko, me rejoignent promptement (sans crampe ! les bougres
de hamsters). Niko redescend par deux rappels à l'Ouest de la voie
tandis que Seb et moi marchons vers l'Est sur le plateau, jusqu'au GR
qui redescend vers le chemin que nous avions emprunté à la montée.
Quand je me retourne pour regarder la Bissone, ma raison triomphe sans
retenue (c'est fait, et par nous, donc raisonnable) et mon autre circuit neuronal
reste médusé.
Reste à faire L10 (le pot de fin des voies):
on enchaine des bières, une menthe à l'eau, deux bières, une mauresque;
les cacahouettes sont avalées avec brio; on atteint R10 (le parking) et,
de là, Bordeaux vers 23 heures.
Topos :
Vieux CR sur Grimperoots :
- Enchainement Charbonier Godefroy
-
Le Grand Livre
- La Carmina Bourinante
- Carmina Bourinante et autres libations
C2C :
- Desmaison - Tour Carré d'aval (140m D+)
- Le Grand Livre - Tour Carré d'Amont (70m TD)
- Arête des Charbonniers (200m AD-)
- Arête SW - Aiguille Godefroy (250m AD)
- Carmina Burana (180m 6b max équipé)
Etat de l'équipement aux Tours Carrées : ICI
Commentaires
J'avais chier 3 fois dans les 5 heures précédent la voie carmina. Nous n'avons pas tous les mêmes circuits neuronaux...
J'espère néanmoins que vous n'avez pas fait crever les superbes truites fario (belle robe brune tachetées de points rouges) des gorges d'heric en mettant vos pieds puants dans l'eau ? je vais vous dénoncer au garde local moi !
S’abonner au flux RSS pour les commentaires de cet article.