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- Écrit par fredo
- Création : 27 avril 2014
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Dans la lignée de mes glorieux et mythiques ainés (Seb en 2008, Orel en 2009), j'ai pris le départ des 100 km de Belvès
Participant : Fredo
J'avais dejà couvert la distance sur des trails mais où l'on marche beaucoup et je me considere bien plus marcheur que coureur. Et je sais aussi que j'aime pas les marathons car je m'ennuie énormement dans les parcours urbains et n'aime pas cette monotonie d'allure. Donc la perspective de faire un long parcours route m'inquiete un peu au niveau des genoux et de la lassitude, mais le fait que ce ne soit que des petites routes de campagne me donne envie d'essayer. Orel en 2009 m'avait déjà laissé admiratif (lien vers son CR ICI).
Côté entrainement, je fais comme à mon habitude sans aucun plan défini mais pas mal de trucs divers.... bref, on y va. Comme je pars sans suiveur vélo, je vais porter un sac à dos contenant quelques affaires qui pourraient être utile (de quoi faire un strap si mes genoux fatiguent sur la route, un peu de PQ, une couverture de survie, un buff, 2 gels, ma veste pluie et une légere lampe frontale si çà se passe mal et que je dois finir de nuit). Il y a des ravitos tous les 5km donc pas besoin de se soucier de l'eau et de la bouffe.
J'arrive donc vendredi soir seul dans le petit village avec une nuit reservé au gymnase. Je retire mon dossard et file à la pasta party, je me retrouve à une tablée avec de sympathiques papis coureurs (çà boit plus de vin rouge que d'eau à table :-) ) pour de chouettes discussions. L'ambiance est à la guinguette avec 2 accordeons qui passent entre les tables et certaines tablées chantent sur ces musiques qui datent d'avant que je sois né :-)
Je vais partir avec un ami Philippe qui aimerait mettre 6h pour arriver à Sarlat et finir en 12h30. Cà me va bien de partir prudent et essayer d'être régulier. Et puis on va pouvoir discuter comme çà. La météo est annoncée bien pourrie avec 8° le matin et des averses de pluie localement orageuses toute la journée
Le départ est donné à 8h pour une journée qui s'annonce très longue, je saute donc dans l'inconnu. Il ne pleut pas.
On part sur un tout petit train du genre 8.5 km/h. Les premiers km passent tranquillement. La pluie fait son apparition (plutôt du crachin au départ) au bout d'environ 1h de course. Les paysages traversés sont bucoliques sur les petites routes (il y aura très peu de portions avec de la circulation au final) et de belles maisons et pleins de jolis châteaux. La pluie s'installe même si elle fera parfois des pauses qui ne dépasseront jamais l'heure et avec un intensité variable. On discute et on plaisante pas mal avec Philippe et son suiveur vélo jean marie.... Les kilomètres s'égrennent avec le panneau tous les 5. 20km, 25km (en 3h01, on est dans l'allure), 30km... A un ravito sur 2, je prends une demi bière par plaisir et pour éviter les crampes en plus de l'eau et du verre de coca pour avoir du sucre (je préfere manger salé en petites quantités avec des chips, du fromage et des tartines de paté, juste un bout de banane de temps en temps pour le sucré). vers le 40° km, phillipe commence à grimacer un peu, il commence à avoir mal, on ralentit encore un peu pour arriver sans souffrir à Sarlat. Je decide que je continuerais seul à partir de Sarlat. On passe la panneau Marathon en 5h11 et on arrive à Sarlat au bout de 6h15. On en est donc à 8km/h de moyenne avec les pauses ravitos. Je me prends un petit verre de vin rouge pour me redonner du courage et accompagner avantageusement le paté. La famille de Philippe (sa femme et ses 2 enfants) nous ont retrouvé à plusieurs reprises sur le parcours. Philippe se plaint de douleurs aux mollets, cuisses et fesses... sa femme va le masser, je l'informe que je repars. On se promet de finir et on espere bien se retrouver à l'arrivée.
La pause à Sarlat a été longue (presque 10min), mais je repars gonflé à bloc avec une sensation de légereté. Non seulement, je n'ai mal nulle part et deroule toujours bien ma (petite) foulée, alors que les personnes qui se plaignent de douleurs ou de crampes sont déjà bien frequents, mais en plus je me suis conditionné mentalement pour me dire que la course ne commençait qu'à Sarlat, qu'avant çà ne comptait pas...
Il pleut fort et je m'isole mentalement, les kilomètres passent, je regarde fréquemment le paysage, les jambes sont en pilotage automatique. Il y a plusieurs cotes raides (au final quand même 1000m de D+ sur le parcours mesuré au GPS) que je marche, mais je sens que les relances commencent à devenir plus dures et que les jambes ne sont plus fraiches. Dans les descentes, j'ai les genoux qui me tirent, mais çà reste sous le seuil de douleur.
Km 60, 7h38 : depuis Sarlat, j'ai pris une allure un peu plus rapide, je cours à 9 - 9.5 km/h sans m'arreter autrement que pour uriner (environ tous les 5km... une vraie fille... ou la biere) ou le ravito (tous les 5km aussi), j'ai donc toujours entre 2 et 5km à courir régulier sans m'arrêter. Au km 65, on commence une boucle de près de 5 km ou on voit souvent ceux qui nous précedent à contre sens, Philippe m'avait mis en garde que c'était dur moralement, çà se passe bien pour moi et même si les jambes durcissent au fur et à mesure, je continue d'être régulier. Je dépasse le panneau 70km (passage en 8h50) juste avant la fin de la boucle où je retrouve la femme de Philippe qui attend son mari qui n'a pas encore commencé la boucle... oups, çà veut dire qu'il a beaucoup ralenti si je lui ai pris plus de 5km en l'espace de 20km... je lui dis de bien encourager Philippe et de lui rappeler qu'il n'a pas le droit d'abandonner.
Vers le km 75, j'ai quelques prémisses de crampes (ou des muscles qui se mettent à me lancer brusquement en tout cas), je m'enfile une grande bière au ravito et çà disparait. Je commence à avoir les jambes très lourdes mais je cours toujours à la même allure en mettant un peu plus de courage.... le panneau 80km arrive en 10h02. Je sens que çà commence à se rapprocher de la fin... reste "plus" que 20km... je commence à faire des calculs en me disant que je devrais finir en 12h30 au mieux et 13h au pire si çà se durcit vraiment sur la fin. Je dois maintenant m'employer mentalement pour continuer à courir partout... mon corps me réclame de marcher.
Au niveau du 80°, je commence à discuter et on se motive à continuer à courir avec un vieux du CA belves qui fait son premier 100 bornes, arrivés au 85°, on a droit à un comité d'accueil extraordinaire... environ 25 personnes du coin se mettent à courir avec nous en nous encourageant, çà allege les jambes et redonne un sacré sourire. Arrivé au 90° (11h12), mon collegue a un membre de sa famille qui tient le ravito, il reste donc un peu plus longuement, je repars sans lui. Mes jambes sont très très lourdes mais je n'ai pas de réelle douleur, donc au mental je continue à courir. Je craque vers le km 93 sur un interminable faux plat montant et m'accorde 300m à marcher, puis reprend ma course. J'ai vraiment encore une bonne allure car je ne fais plus que doubler depuis le km 80 (plus de la moitié des concurrents marchent maintenant de façon quasi-constante).
Arrive le panneau du km 95 en 11h49, je sais que c'est presque fini. je calcule que je devrais même arriver à passer sous les 12h30 en sachant que les 2 derniers km pour remonter à Belves sont très raides (les 500 premiers mètres à plus de 10%). Je me sens rempli d'énergie et tente d'allonger encore la foulée. Voici le panneau km 98 au pied de la dernière pente, j'entends le micro du speaker et je vois l'arrivée à rallier plus haut. Je marche le début de la pente sur une allure très soutenue, il me tarde de finir. Il ne pleut plus. Voici le panneau km 99, je ne peux m'empêcher de m'arrêter et demander à un autre concurrent de me prendre en photo. Ne reste donc plus qu'un petit km à 7-8% de pente, que j'attaque confiant en courant en dépassant tous les concurrents qui marchent ici. C'est dur, mais je ne sens plus la fatigue. Enfin le replat 100m avant l'arrivée... et voilà c'est fini, je passe la ligne après 12h23. Je réalise que j'ai fait du negative split, çà doit pas être si courant sur un 100km, et je suis vraiment pas cassé à l'arrivée. Une bonne gestion de course sans aucun doute et une belle expérience.
A peine la ligne passée, je file au ravito d'arrivée pour quelques bieres de recup bien méritées et je retrouve plusieurs amis dejà rendus. C'est vraiment un exercice difficile de courir en continu aussi longtemps.
Après avoir mangé, je reste un peu à la ligne d'arrivée à esperer voir arriver Philippe, on est presque à 14h de course quand grelottant de froid et de fatigue je me resouds à rentrer en voiture sans avoir vu arriver Philippe. J'apprendrais le lendemain qu'il a courageusement réussi à finir dans la douleur à rallier l'arrivée après 15h08 (temps limite à Belves de 18h).
Au final, après publication des resultats, pour environ 500 partants sur le 100km, il y a 375 arrivants et je finis à la 203° place dans le temps officiel de 12h23m50s
Bonus : quelques photos prises pendant la course
Commentaires
Faut essayer pour se rendre compte à quel point c'est pas facile du tout...
Par contre, j'ai bien mangé une bonne crèpe à la confiture au 85°km en mémoire de papa will
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