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- Écrit par fredo
- Création : 2 avril 2014
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CR de mes récentes vacances du 14 au 23 mars.... en résumé : aller faire le trail du ventoux et revenir à Bordeaux en vélo en solitaire et en dormant dehors ...
Participant : Fredo
Vendredi 14, départ en voiture avec une amie Valérie, bien chargés avec les 2 vélos, nos affaires de course et ma remorque à vélo contenant mon nécessaire pour traverser une semaine la France à vélo (hors réserve de nourriture car j'ai prévu de manger dans les petits restaus de village sur le chemin pour le contact humain). Premier soir à Nant dans l'Aveyron, petit restau à refaire le monde dans le village désert (départ historique des templiers et aujourd'hui lieu de la course des hospitaliers) avec un cuistot haut en couleurs.... produit local (ce sera le thème toute la semaine) avec aligot saucisse et vin rouge des Cévennes.... un petit bivouac dans la campagne environnante gelée nous met dans le thème, parfait avec le tapis de sol et le duvet d'hiver.
Samedi 15, une idée à la fredo, j'ai repéré que la route bitumée la plus pentue de France se trouve à Ales (30% de moyenne sur 250m) sur le chemin, je repère donc à la grosse louche sur une carte de France au 1/1 000 000 une boucle de vélo partant d'ales et tournant en Lozère que j'estime de visu à environ 70km.... on se retrouve finalement à devoir enchainer 3 cols pour une sortie de 105km et 1400m de D+ :-p. Pour se finir je tente la montée à 30% mais cale dans un virage à mi-parcours à angle droit dans une pente vraiment impressionnante et un décalage acrobatique, c’était rigolo. On file sur le Ventoux et on arrive quand même juste à récupérer le soir nos dossards et migrer sur une petite location faite par Valérie
cherchez l'erreur sur la photo...
Dimanche 16, trail du ventoux, départ de bédoin. On aperçoit loin au dessus de nous le sommet enneigé du géant de Provence, au programme 48km et 2700m de D+ nous attendent. On nous prévient qu'il y aura du vent en haut mais que l'organisation a choisi cette année de nous faire passer au sommet. Il y a là une bonne partie de l'élite française du trail et nous sommes 1282 sur la ligne de départ (choix au km 13 de finir sur le 26km ou le 48km). C'est parti !
On m'a dit qu'il y avait rapidement des singles, je choisis donc de partir assez vite contrairement à mes habitudes. Malgré cela Valérie part encore plus vite. Je cours quasiment partout malgré pas mal de petit D+, et suis pourtant très loin dans le peloton. je rattrape Valérie. Je commence déjà à avoir des signes de surchauffe. Au km 3, je suis encore à 11km/h de moyenne. Les singles commencent et çà bouchonne en effet un peu, je me dis que derrière çà doit beaucoup boucher. Le parcours alterne des terrains très divers, routes forestières très roulantes, petits chemins caillouteux, gros pierriers pourris. C'est vraiment ludique. Je suis obligé de lever le pied, je me remet régulièrement dans les montées en marche rapide. j'ai les voyants qui clignotent. On me double pas mal. Au km13, juste après le premier ravito, je prends un coup au moral, pas un seul sur les 40 coureurs devant moi ne choisi le petit parcours... On attaque ensuite la montée dans la neige, il commence à y avoir du vent, c'est chouette. Puis plus on monte et plus le vent se renforce.... çà deviens rock and roll sur la fin de la montée (environ 90-100km/h de vent), mais au moment de basculer au sommet (km 20), on attrape un vent latéral comme j'en ai encore jamais vu (météo France a mesuré ce jour là au sommet jusqu'à 140km/h, un record sur la course ... ouch !!). C'est dantesque, je cours avec les jambes à 40-45° par rapport au sol et doit viser à gauche pour aller tout droit dans la descente dans une neige lourde et épaisse (30 à 50cm d’épaisseur mais qui se courre bien en descente) qui volette et nous fouette le visage. Lorsque les rafales se calment brusquement avec les obstacles, on chute lourdement. J'en prends plein les yeux. Il fait bien -10°C de ressenti et j'ai remis mon coupe vent dans la fin de la montée sur le tee-shirt (mais j'ai gardé le short). Cà descend vite malgré les chutes, puis la pente se calme et çà déroule plus tranquillement la foulée dans de superbes panoramas de foret enneigée où l'on s'abrite du vent. Second ravito, je reremplis le camel, mange 2-3 bricoles salés, avale un gel et boit un peu de coca. Je commence à me sentir pas trop bien. Plus çà descend (et remonte aussi régulièrement) et plus il fait chaud, la neige disparait peu à peu puis complétement (on a fait environ 14-15km dans la neige). Vers le km 28, il n'y a plus de neige, plus de vent et il fait très chaud, le soleil tape, déjà plus de 20° de ressenti et çà continue à mesure qu'on perd de l'altitude. J'ai la tête qui tourne, je marche de plus en plus, même sur le plat par moment, j'essaie de boire beaucoup, je sais que j'ai pris un coup de chaud. J'arrive péniblement au 3° ravito km 31, un peu dans le brouillard. je me pose mange, bois, reprend un second gel, il doit faire près de 30°C en ressenti sous le cagnard, le contraste avec le sommet tout juste 2h plus tôt est incroyable... Je repars après une pause pas si longue mais qui m'a requinqué. Je recours tous les plats et au bout de 2km, je me remets même à courir sur les faux plats montants. Je me remets à doubler. J’accélère et double maintenant de plus en plus, il y a beaucoup de casse sur toute la fin du parcours. Je réussi à courir absolument partout jusqu'à l'arrivée même sur de courtes montées raides. Les sensations sont revenues. Je tiens une belle allure et ne cesse de doubler les concurrents. Je finis donc bien fatigué mais content en 7h16, 290° sur 588 finishers du grand parcours (il y a eu 449 finishers du petit parcours, soit quand même 244 abandons ou hors délais au total, malgré un allongement de 30m des délais décidé vu les conditions). Le premier fini en 4h20... une autre galaxie et la première est une quasi inconnue du trail haut niveau, mais une ancienne sociétaire du club de tri de Cestas.
Valérie finira heureuse mais avec les 15 premiers km dans le dur (départ beaucoup trop rapide) en 7h56 à la 424° place de cette épreuve très relevée
La neige et le vent sur le Ventoux
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Bonus vidéo avec le reportage sport + de l'edition
Lundi 17, j'avais prévu une journée de repos avant d'attaquer le retour en vélo, mais les jambes sont étonnamment plutôt fraiches et pas du tout douloureuses. Je propose donc à Valérie quitte à être là de tenter l'ascension en vélo du Ventoux depuis bédoin (seul côté déneigé) :-) . On commence à dérouler les jambes en ralliant Malaucene depuis bédoin et se faire le petit col de la madeleine dans les 2 sens, puis on se lance sur le mythe. çà commence doucement sur 2-3 km seulement puis çà monte très vite à plus de 9% en attaquant la foret.... c'est dur, il n'y a pas un hectomètre en dessous de 9% jusqu'à chalet reynard (environ km 15-16), toujours entre 9 et 11%, tout à gauche sur le 34*28, mais malgré cela c'est vraiment dur. Je me traine à 8-9km/h en prise constante, je fais une pause d'environ 10m à chalet reynard pour reremplir les bidons et souffler, j'ai les jambes carbonisés par la montée. Il y a encore de la route vu que le sommet est au km 22, mais les pentes sont plus humaines (6 à 8%) et permettent de profiter du paysage superbe avec des congères de plus d'1 m sur le bord de la route et sans un brin de vent (la route est barré aux voitures environ 1km après chalet reynard, mais dégagé pour les vélos). Le dernier km est terrible avec des pentes à 11-12% mais bon on va pas faire demi-tour. La vue du sommet est grandiose et valait bien cet effort :-)
Dans la descente, une crevaison me provoque quelques émotions, mais j'arrive en bas après un peu de bricolage. Au final une superbe sortie velo de "recup" de 69km et 2000m de D+
difficile ascension, décor de rêve et pas un souffle de vent
Bonus vidéo dans la foret et à 3-4km du sommet : https://www.facebook.com/photo.php?v=10202840658310200&l=8792702636323755603 et https://www.facebook.com/photo.php?v=10202840668430453&l=8749486204483568150
Mardi 18, le grand départ, j'arnache ma remorque à vélo qui me permet de transporter 15 à 20km du matériel qui va me permettre d'être autonome dans des nuits froides à dormir dehors, je fais la première demi-journée avec Valérie
Parcours superbe sous une belle météo, Malaucene => Buis les Baronnies => pont saint esprit (120km avec 900m de D+)
La règle que je respecterai tout le parcours est de m’arrêter manger les midis et les soirs dans des petits restaus de village pour échanger et discuter avec les locaux et toujours manger local et boire du vin local, en plus un arrêt café vers 8-9h le matin et une pause bière dans l’après-midi. Le premier bivouac n'est pas des plus confortables avec une voie ferrée proche ou pas mal de trains passeront dans la nuit et pas mal de vent.
important le ravitaillement...
Mercredi 19, un fort vent de face ralentit considérablement mon allure pour remonter les gorges de l’Ardèche (46km en 4h05...), mais les panoramas sont là encore grandioses. Après Vallon pont d'arc, et la traversée déjà vallonnée des Cévennes et de la surréaliste foret de pierres de Païolive, çà monte vraiment fort sur les contreforts du massif central en Lozère... j'en chie avec la remorque et dois faire régulièrement des pauses, la météo est superbe et les paysages magnifiques. Le col du Mas de l'ayre et le col des tribes sont interminables, mais la soirée à refaire le monde au bistrot du petit village de montagne est d'une chaleur humaine formidable. Puis non loin un superbe bivouac au bord d'une rivière à plus de 1000m sur les flancs du mont Lozère est magique avec un bon regel et les pieds nus (pas pris de chaussures en dehors de la paire pour le velo) dans le givre le lendemain.... des moments inoubliables :-)
Parcours Pont saint esprit => vallon pont d'arc => villefort => le bleymard (130km avec 2400m de d+)
Jeudi 20, la nuit a été reposante dans mon duvet chaud et le froid est bien sec, il a bien gelé dehors, je me couvre bien pour la descente dans le jour naissant du col. Le tableau du lever de soleil sur les montagnes dans mon dos parait une peinture surréaliste... que la nature est belle. Il y a plus de descente aujourd'hui, çà fait des km sans pédaler et plaisants mais ou il faut freiner pour ne pas être déporté par le poids de la remorque, je suis vite rendu à Mende où je prends mon café du matin, çà tombe bien j'avais froid. La route qui suit dans le Gévaudan en direction de Rodez est plaisante et bien vallonnée mais jamais sur des pentes fortes. J'avale les km aujourd'hui et mes jambes ne sont plus lourdes comme sur les 2 premiers jours, le corps s'adapte visiblement au rythme de la douzaine d'heure quotidienne sur le vélo. Vers la fin de l’Aveyron, la nuit tombe et les villages traversés n'ont rien pour manger, je finis donc en poussant encore les 20 derniers km de nuit avec l'équipement adéquat pour entrer dans le Quercy. La journée a été longue et belle. Le repas typique et riche encore en échange, puis à la sortie du village, il y a un petit préau au bord d'un lac, ce sera donc une nuit à la belle étoile ce soir :-)
Parcours Le bleymard => mende => rodez => limogne en quercy (215km avec 1700m de d+).
des cols, des cols, c'est pas plat le massif central...
Vendredi 21, la météo est menaçante dès le matin et les averses sont prévues. Après seulement 2h, je m'attrape en effet plusieurs averses pas trop importantes, j’espère aller au moins jusqu'à Bergerac aujourd'hui pour être sur qu'il ne me restera qu'une étape. Je m'active donc et il y a un peu de vent favorable aujourd'hui, je me retrouve vite à traverser la belle ville de Cahors où je prends le café, puis le Périgord et ses nombreux replis de terrain. Je m’arrête dans une petite auberge le midi dans le lot et discute avec la tenancière hollandaise, elle me dira cette phrase qui m'a marqué "depuis 7 ans nous vivons ici et depuis que nous avons réalisé notre rêve, nous sommes heureux... Les rêves sont faits pour être réalisés"... à partir de Bergerac que je relie avec plus d'1h d'avance par rapport à mes estimations à la carte du matin, je décide d'essayer de rallier Libourne (de nuit forcement) après m'être assuré qu'un bout de canapé m'attendrait chez une amie. Le ciel est menaçant mais il ne pleut presque pas, par contre les prévisions à partir de 21-22h deviennent orageuses et violentes. En plus le paysage devient plat et banal à partir de Bergerac en roulant sur la route principale. Peu après la tombée de la nuit, je m’arrête à Sainte Foy la grande pour manger dans un petit bar à vins (toujours les produits locaux) et repart pour seulement les 40 derniers km, mais un fort vent de face s'est levé et la route de nuit s'égrenne km par km, à Castillon la bataille, il ne reste plus que 18km, mais l'orage éclate et des abats d'eau me tombe dessus, j'avais ma tenue pluie, mais vu l'intensité et la violence de l'orage avec le vent qui me le met dans la tête, je finis quand même par prendre l'eau et j'arrive à Libourne vers 23h bien rincé, mais content. Je m'offre le luxe d'une douche et me couche dans un confort inconnu depuis 1 semaine (c'est quand on est privé, volontairement ou non, d'une chose qu'on en mesure la valeur)
Parcours limogne en quercy => cahors => bergerac => libourne (222km avec 1100m de d+)
Vallée du lot
Samedi 22, la journée est très pluvieuse et je m'offre un jour de repos et à faire la fête avec des amis à Libourne
Dimanche 23, sous une météo toujours bien orageuse et à prendre pas mal d'eau, je finis tranquillement mes 42 derniers km pour rallier ma maison à travers l'entre deux mers, c'est la fin d'un rêve, je suis heureux et conscient d'avoir vécu quelque chose de rare et précieux
Quelques stats sur la traversée :
- 5 jours de pédalage
- 42h30 de pédalage effectif (environ 5-6h de nuit et environ 4-5h sous la pluie)
- 730km, 6400m de D+
- 1 col de première catégorie (col du mas de l'ayre en lozere), 4 cols de 3° catégorie
- 2 crevaisons
- environ 15 à 20 kilos transportés (remorque tractée étanche+ petit sac à dos pour les changements en cours de journée)
- 1 nuit à la belle étoile, 2 nuits sous tente en bivouac sauvage, 2 nuits à Libourne chez une amie (jour de repos)
- 9 départements traversés
- pente la plus forte autour de 10%
- point le plus haut 1130m (col de tribes)
- un bronzage cycliste digne d'un mois d'aout
- 1 seul short (savonné tous les soirs), 0 paires de chaussures civiles (en plus des chaussures vélos)
- 0 douches (lavage au savon sans eau avant dodo tous les soirs)
- boisson : environ 8 L d'eau (aucun produit dedans), 1 dizaine de cafés, 1 dizaine de bières, environ 2 litres de vin rouge (produits locaux...)
- nourriture : 0 gels, une quinzaine de barre de céréales, 500g d'abricots secs, repas les midis et souvent le soir dans les restaux routier de village pour gouter les produits locaux et discuter
- des centaines de sourires....
Bonus album photos : https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10202855624844354.1073741857.1013736783&type=1&l=9fc70a3062
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