«Finalement, ce qui constitue l’ossature de l’existence, ce n’est ni la famille, ni la carrière, ni ce que d’autres penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevés par une lévitation plus sereine encore que celle de l’amour, et que la vie nous distribue avec une parcimonie à la mesure de notre faible coeur» Nicolas Bouvier, L'usage du monde.


Les participants : Cécile, Marie Line, Christophe, Jacques (notre aîné avec 72 ans!), Marc, Fred (le benjamin de 42 ans) et Nicolas Bouvier (1,1 kilogramme pour Œuvres)

La carte du périple

 En bleu, les transfert en voiture, en rouge à ski

Le rassemblement (mercredi 16 mars)

L'équipe du CAF-RSF se retrouve à Ceillac. Marc, Jacques, Marie Line et moi arrivons le mercredi soir. Cécile et Christophe sont récupérés à la gare de Guillestre par Marc le jeudi matin.

Le faux-col des Estronques (jeudi 17 mars)

Notre première balade se fait en aller-retour. Après lecture de la carte, nous prenons les véhicules pour nous rendre au départ de la rando… à environ 500m! La neige sur la route n'est pas indiquée sur la carte! Nous démarrons donc sur une piste de ski de fond sur environ 2 km et nous faisons approximativement 200m de dénivelé! Je vous laisse le calcul pour la pente mais pour les moins matheux, ça fait pas des masses! Nous arrivons au joli hameau des Chalmettes et nous commençons à prendre de la hauteur (et de la pente aussi!) au dessus de ce dernier.

 

Le hameau des Chalmettes

La météo est clémente, pas le grand beau (ça c'est pour les jours suivants) mais tout à fait confortable. Nous sommes partis assez tardivement, alors nous n'allons pas jusqu'au col des Estronques, qu'une grande traversée nous aurait imposé.

 

 

 

 

Pour la blague du jour, Jacques réussit un lâché de sac en voulant mettre ses couteaux. Et comme il apprécie les blagues, il y en aura d'autres. Nous faisons environ 900m de dénivelé au total. La descente se fait tranquillement sur une neige piégeuse : des zones de neige dure avec de la soufflée et parfois un peu de croûtée. C'est sympathique sans être transcendant (ça c'est pour les autres jours!).

La navette pour le raid (jeudi 17 mars)

Notre raid commence à St Véran. Nous faisons donc le transfert de Ceillac à Saint Véran. Avec Marc nous déposons tout le monde au refuge les Gabelous à Saint Véran et nous redescendons nos 2 véhicules à Ville-Vieille. Nous remontons avec une navette dans un timing impeccable : le bus démarre au moment où montons dedans. Au refuge, Marie Line nous offre un apéro champagne en compagnie d'un autre groupe caf de sa connaissance. C'est la classe!

Le Pic Chateau Renard (un presque 3000 de 2989m) et le refuge de la Blanche (vendredi 18 mars)

La montée au refuge de la Blanche

Départ à 8h du gite des Gabelous. Nous portons dans le village pour atteindre... la piste de ski de fond. Nous ne sommes pas en train de changer d'activité. Le ski de fond si c'est pas du collant-pipette! Nous sommes dans une catégorie intermédiaire entre «Fendant-rillettes» (300m/h de D+) et les «gros gants-baguette» à 600m/h de D+. Voici les définitions pour ces différentes catégories selon Cédric Sapin-Dufour dans le «dico impertinent de la Montagne» :

  • les «collant-pipette» (plus de 1000m/h de D+) mangent et boivent quand ils n'ont vraiment plus rien d'autre à faire
  • les «gros gants-baguette», presque pareil mais avec un petit jambon-beurre dans le sac, faut pas déconner et qui ont arrêté de critiquer les les collant-pipette car il se pourrait bien qu'un jour… 
  • les «Fendant-rillettes» pour qui le ski de rando n'est qu'un pique-nique hivernal, qui font rien que critiquer les collant-pipette car ils sont sûr de ne jamais en être. En combinaison aussi, mais de ski. souvent barbu pour cacher leur petit sourire narquois quand ils croisent un pressé.
  • les «petit blanc-pipelette» à 25dl/h de D- qu'ont rien d'autre à faire que commenter les pratiques des trois autres.

 

 

Nous montons, sous un imperturbable ciel bleu, sur 1000 m jusqu'au Pic Chateau Renard. Une pause casse-croute au niveau de l'observatoire et nous partons pour une descente excellente sur une neige de printemps fantastique. Nous traversons un peu puis repeautons pour 200m de dénivelé pour atteindre le refuge de la Blanche. La bière du Queyras est appréciée par tout le monde! L'accueil est nickel, le gardien du refuge, François, est excellent. Nous auront droit a notre tournée de génépi maison à la fin du repas bien copieux.

Une lunette, à disposition dans le refuge, permet à Christophe et Marc de proposer l'observation des satellites de Jupiter et la nébuleuse d'Andromène lors de la soirée.

Le tour des Toillies (samedi 19 mars)

L'artiste du refuge de la Blanche

Il s'agit d'une boucle qui nous ramène au refuge, d'ou le titre! Nous décollons du refuge de la Blanche vers 8h30 sous un ciel bleu intense qui ne connaîtra pas un nuage de la journée. 

Nous grimpons sur 400m au col de la Blanche. Puis nous gouttons une petite descente dans une neige transfo fort agréable et nous traversons longuement pour aller trouver le vallon qui nous mène vers le col de la Noire. Tout cela est très musical! La symphonie est à venir, 400m de descente pour retourner au refuge sur une neige immaculée (pardon une trace faite par le gardien) qui n'a pas transformée : un régal total! Haaaaaa dément!!! Chacun compose son morceau préféré sur cette partition vierge.

 

Ça va envoyer du gros!!

Nous faisons le casse-croute sur la terrasse du refuge avec une bonne bière de Queyras. Ils ont le sens de la mesure dans cette région : 50 cl la binouse. Ça nous met de fait dans une catégorie intermédiaire! Et nous faisons ensuite un petit test DVA avant d'aller nous doucher et prendre une petite Chimay apéritive. C'est peut être plus comme avant les refuges mais la Chimay, c'est classe! Et puis j'ai pas connu avant alors…

 

La Tête des Toillies au couchant

 

La soirée amène quelques échanges autour des problématiques énergétiques et environnementales. J'apprécie une phrase de Sylvain Tesson dans son livre Dans les forêts de Sibérie

«L’ermite refuse de vivre dans l'abstraction du progrès et de ponctionner une énergie dont il ignore tout»

Cela ne clôt pas le débat et n'en a pas la prétention!

La montée à la Pointe des Sagnes Longues (dimanche 20 mars)

Le refuge de la Blanche en lumière matinale et nos traces de descente de la veille

Le levé est prévu à 8h, 7h30 pour Jacques qui n'est pas vraiment synchro! Le petit dej et feu pour la Pointe des Sagnes Longues. 

 

La Tête des Toillies rapetisse

Nous louvoyons sur 500m de dénivelée au travers de jolis vallons. L'arrète finale nous mène à 3000 m d'altitude sur un belvédère splendide : le Viso et la Taillante sont majestueux. 

 

Le Viso

Le Viso aussi…

La Taillante

Nous nous régalons de la vue et d'une météo imperturbablement stable dans le grand beau. 

 

Au sommet de la Pointe des Sagnes Longues

Sylvain Tesson a ces mots : «Dans la vie il faut trois ingrédients : du soleil, un belvédère et dans les jambes le souvenir lactique de l'effort». Il oublie (faisant ses randos en raquettes en Sibérie) le quatrième d'être transporté par le plaisir extatique de flotter sur une neige poudreuse éthérée!

Nous nous lançons dans une pente nord sur une neige démente pour 800 m de descente. Bon, nous ne sommes pas les premiers à passer mais il est possible d'aller réaliser quelques «bottom turn» sur des zones encore vierge, dans cette neige fluide aérée.

 

Cécile se régale

Nous faisons le pique-nique dans un petit bosquet et Marie Line nous quitte en partant en direction de Fontgillarde. Nous partons dans le sens opposé pour monter au Refuge d'Agnel. par la piste de ski de fond sur 400 m de D+ et environ 3 km de distance (la pente…). 

 

La Pointe des Sagnes Longues

Nous coupons quelques virages brisant la monotonie de cette montée dont le cadre somptueux ne lasse pas. 

Le refuge est fort sympathique, le patron un peu bourru et fort sympathique, des personnages de caractère dans une nature sauvage. La bière est salvatrice : de la Chimay...«tout se perd mon brave Monsieur» mais ce n'est pas pour nous déplaire. 

Le repas, à l'instar du refuge de la Blanche, est excellent.

Le Pic Ségur (lundi 21 mars)

Le Pain de Sucre

Sur les conseils avisés du gardien, nous partons pour le Pic Ségur. On se lève à 7h, le petit dej à 7h30 et 8h15 nous sommes sur les planches. La météo est «encore» exceptionnelle. Nous montons de 300 m pour atteindre le col de l'Éychassier. 

 

Au Col de l'Éychassier

On dépeaute pour descendre vers le lac de l'Éychassier puis prolonger la descente en traversée et nous mettre à l'aplomb du col du Clos du Poulin. 

 

En montant au col du Clos du Poulin

Nous grimpons les 200 m pour le rejoindre et nous savourons une belle descente en neige superbe (on va finir par se lasser…euh non) sur 400 m. C'est exceptionnel! En fait plus tant, c'est tout les jours comme ça!

 

 

Nous sommes sous le pic Ségur et nous montons dans le large vallon de Ségur sur 500 m de D+. Pour rendre cette montée un peu plus rigolote, Jacques, sur une traversée, décide d'abandonner son baton à la gravité : environ 50 m de descente, la neige est suffisamment dure pour qu'il puisse rouler, glisser longtemps! Si le Pic est une grosse classique, avec au moins 40 personnes la veille, nous sommes seul ce jour là. Pour accéder au Pic nous quittons les skis pour terminer les derniers mètres. nous aurons mis moins de 5 heures pour monter.

 

Depuis le Pic Ségur

Nous faisons le pique-nique et le meilleur nous attend : 1400 m de descente pour rejoindre Ristolas. Les 500 premiers mètres sont fabuleux dans un large vallon dégagé. Quelques gamelles sont à noter dues à des rochers en opération camouflage. Puis la neige devient un peu plus lourde et nous entrons dans une forêt de mélèzes pour un long et sympathique slalom. Nous atterrissons sur une piste qui nous mène à Ristolas. Une navette nous dépose à Ville-Vieille. Nous prenons une bière et laissons Christophe et Cécile qui repartent pour la région parisienne. 

Nous ne sommes plus que trois, nous prenons nos véhicules et organisons notre navette du lendemain en laissant mon van à Abriès. Nous continuons jusqu'à l'Échalp au gite 7 degrés Est. Ce gite est très confortable et fort bien aménagé. Nous aurons une chambre pour nous trois.

Nous prenons une petite bière apéritive, il y a de la Chimay rouge! Cela change de la bleue. Le repas est délicieux.

Le tour du Pelvas (mardi 22 mars)

Le Pic Ségur et la vallée de l'Échalp

On se lève à 6h30 et décollons rapidement. Nous allons à La Monta, le hameau à coté, pour le début de la rando avec la voiture de Marc. De là nous montons sur un peu plus de 900 m de dénivelé pour accéder au collet du Pelvas. Quelques raquetteurs, trouillards selon Jacques car ne prenant pas la pente, ont copieusement saboté la trace de ski de montée en l'empreintant lors de leur descente.  Une petite descente côté italien pour s'installer sous la Mait d'Amunt et faire 400 m de dénivelé pour le rejoindre. 

 

 

 

Au sommet de la Mait d'Amunt

La suite est une longue descente jusqu'au Roux (environ 1200m) en passant par Valprèveyre. 

 

La descente… on n'est pas les premiers…

Hormis les premiers mètres, la neige est une nouvelle fois très bonne, pas aussi légère que les jours précédents. On devient difficile! 

 

 

Nous sommes synchro avec la navette qui part pour Abriès. On récupère le véhicule de Marc, on se change et on va manger notre casse-croutte en terrasse avec… une Chimay!   


Bibliographie :

  • Marc Chatelet : bibliothèque des alpes monté sur ski, cartes 3D incluses
  • Dico impertinent de la Montagne de Cédric Sapin-Dufour
  • L'usage du monde de Nicolas Bouvier
  • Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson
  • Cartes : 
    • 3637OT, Mont-Viso Saint-Veran Aiguilles Pnr du Queyras
    • 3537ET Guillestre Vars Risoul Pnr du Queyras

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