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- Écrit par geraud
- Création : 9 septembre 2023
- Affichages : 670
Participants: Géraud et Hubert
Titre: Retour aux Cerces
Sous-Titre: Non à la canicule plate.
Hubert et Géraud habitent des régions (Ile-de-France resp. Aquitaine) où sévit, en ce mois d'août 2023, la canicule et la platitude (sauf les rochers de Fontainebleau qui sont un ilot de relief).
Ils avaient réussi, en 2022, à échapper à la platitude en écumant les falaises autour de Tarascon sur Ariège, mais avaient durement subi la canicule (d'où l´absence de CR à ce sujet).
Cette fois-ci ils décident de s'échapper 1000m plus haut, dans vallée de la Guisane :
cette vallée débouche, en bas, sur la vallée de la Durance (le confluent est à Briancon) et est limitée en haut, par le col du Lautaret (2057m) et le col du Galibier (2642m).
Nous l'avons fréquentée plusieurs fois il y a une quarantaine d'années, soit en hiver, en particulier pour
skier dans la station de ski de Serre-Chevalier, soit en été pour grimper rive gauche de la Guisane (massif des Cerces) ou en Oisans (rive droite et au-delà ).
Géraud pique Hubert à la gare de Gap et ils rejoignent ensemble, en voiture,
le gîte des Guibertes Lundi 14/08/23 au soir.
Ce dîner (et tous ceux que l'on prendra au gîte) est excellent.
Certains soirs on le prendra dehors, dans le jardin du gîte, avec vue sur le vallon de la Moulette où nous grimpâmes il y a 44 ans (voie de la Poire, voie Vaillot) et où flottent encore quelques rêves inacomplis (voie de la Grand-mère (faisable mais longue), voie des grand surplombs (qui fait peur)).
1- Mardi 15/08/23:
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On s'échauffe sur le rocher de La Mandette, qui fait une centaine de mètres de haut . On y accède en une demi-heure depuis un virage de la route qui monte du col du Lautaret au col du Galibier.
On parcourt une première voie:
Du genepy pour suzy, 80m, 6a.
L1: 6a, L2: 6a.
[Hubert part en tête].
G. a un mal de chien à suivre.
Il se dégonfle pour la deuxième longueur, que H. fera donc en tête.
Puis on attaque une seconde voie:Dolce vita, 100m, 6a+
L1:6a, L2: 6a+,L3: 6a
La première longueur inspire davantage G. qui part en tête.
H. fait une tentative dans la seconde longueur et butte sur un passage d'allure patibulaire.
Il bat en retraite au R1. G. dit qu'il va essayer (pour le principe) et butte au même endroit,
en essayant les même prises. Puis H. suggère de prendre un passage 2 mètres plus haut et plus à droite. Géraud essaye et, en effet, ca passe nettement mieux! Pour une raison inconnue, G. fait aussi la
troisième longueur en tête.
[Hubert dans la L2]
Bah, quoique dans un ordre fantaisiste, on a quand même sorti 2 voies et 5 longueurs.
[Sommet de la Mandette]]
Remarquons que nous redescendons , pour chacune de ces 2 voies, en rappel
[rappel dans la deuxieme voie à la Mandette]
et ne coincons AUCUN rappel.
NB1: nous renouvellerons cette performance tout au long de la semaine
NB2: Nous utilisons une corde bicolore de 100m, donc SANS ce !@#$%^&*(-noeud central qui prend un malin plaisir à se coincer dans les fissures ou les trous de rocher.
NB3: ce type de corde est désormais en vente, à Bordeaux, dans un magasin nouvellement installé
sur les quais de Garonne, rive gauche (Toulouse disposait déjà du même magasin, depuis 20 ans environ, à Labège; mais Bordeaux ratrappe Toulouse, inexorablement, il faut se faire à cette idée ...)
Ce séjour ne démarre pas mal du tout
2- Mercredi 16/08/23:
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Le Chemin du Roy, voie:
Du miel et des abeilles, 5L, TD.
L1:5c+, L2: 5c, L3: 5c+, L4: 5c, L5: 5c+
On la parcourt en réversible, H. part en tête. Tout va bien. Beau rocher.
[ Hubert au R1.]
Après 5 longueurs on descend à pieds.
Il fait alors très chaud (même ici, à 1700m d'altitude ,...)
Hubert part à fond la caisse vers une destination inconnue de moi. j'essaye de le suivre mais m'essoufle,
me fatigue, finit même par perdre toute motivation et ... m'arrête boire un coup.Puis je décide de cacher la corde et même le gros sac à dos et de continuer avec le petit sac pour essayer de comprendre quelle mouche a piqué Hubert.
Il m'attend dans une grotte et m'apprend qu'il ne fait qu'exécuter notre projet initial qui était d'enchainer avec une voie dans le secteur 2 ! Damned de damned !! j'avais imaginé le secteur 2 comme tout proche du secteur 1, accessible depuis le même lieu de planque du gros sac etc...
Je suis obligé de reconnaitre mon oubli du projet initial et ma mauvais prédiction de l'éloignement du secteur 2 d'avec le secteur 1 .
Hélas le moral global de la cordée est entamé. Il fait toujours chaud. On fait tout de même mine d'attendre une heure plus fraiche ... qui ne viendra pas.
On finit par redescendre à la voiture,
3- Jeudi 17/08/23:
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Le Chemin du Roy, secteur 2 (le plus en aval) voie:
Helene et les garcons, 5L, TD.
L1:6b, L2: 6a, L3: 6a, L4: 6a, L5: 5b
Cette fois-ci il est tôt et on attaque avec une température ambiante raisonnable.
H. attaque en tête . Les 15 premiers mètres sont athlétiques mais, enchainés rapidement, avec quelques
ahanements qui marquent la difficulté mais ne ralentissent pas.
G. suit, mais demande un sec dans les 15 premiers mètres. Après réflexion et reprise du souffle il passe lui-aussi. On enchaine en réversible les quatre autres longueurs. Il y a tout de même parfois des 6a gratinés (dans L2, il me semble, je m'y suis pris à plusieurs essais avant de passer un pas vers le 3ième spit).
Depuis le dernier relai Hubert apercoit un spit loin sur la gauche (dos au vide) qui a une forte probabilité de se trouver sur le chemin des rappels de descente.
On suit cette piste et ... on atteint la ligne des rappels de descente.
NB1: aucune balise ni cairn, il faut repérer un spit gris sur le rocher gris ...)
Rappel de "Helene et les garcons "
NB2:le spit gris est un animal craintif qui se laisse difficilement approcher.
Contents de cette voie nous envisageons d'aller refaire quelques longueurs, comportant du 6b,
dans le secteur 1 du chemin du Roy. Nous essayons la voie "Tête de cuvée". G. part en tête mais,
mousquetonne un spit vraisemblablement trop à gauche, et se retrouve sans perspective de spit au-dessus de lui (voir NB2).
Il abandonne une grande sangle et un maillon rapide pour redescendre au point de départ.
Hubert repartira enlever les 4 dégaines abandonnées (provisoirement) vu que la sangle était très
à gauche de la ligne de dégaines, mais il préfère redescendre en désescalade, le moral de la cordée ayant été quelque peu fracturé par le premier échec.
4- Vendredi 18/08/23:
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Le Tour Termier est une antécime (3070m) sur la crête sud-ouest qui monte au Grand-Galibier (3228m).
Des dizianes de voies, dune hauteur d'environ 300m, sont tracées sur sa face sud-ouest.
Le pieds de cette face est accessible à pieds, à partir de la route Lautaret-Galibier,
par un sentier à plat (1 heure) puis une montée dans les éboulis le long de la paroi (15 minutes).
On planifie d'escalader la voie:
"Treize à la douzaine" 280m, 5c+ ,6a+ max, 5c oblig.
On est à 8h 15 au parking, 9h 30 à l'attaque, vers 15h 30 au sommet.
Quelques errements d'itinéraires ont conduit à :
G fait en tête: L2,L4-L5,L7-L8, H fait L3,L6,L9.
Explications: en fin de L4 G se fourvoie en traversée trop à gauche
[Hubert dans la traversée trop à gauche de L4]
(et en ajoutant un friend dans ce but) jusqu'à un rappel, qui n'était pas le relai. H. corrige et ramène le matériel
au véritable relai R4 d'où il est plus commode que G démarre (la corde est enroulée dans le mauvais sens pour un départ de H.).
[Hubert dans L6 ]
Dans la L7, Géraud mousquetonne un vieux piton en fin de longueur au fond d'un dièdre (mauvaise idée !!) puis oblique (correctement) à droite. Le tirage l'omnubile au point qu'il dépasse le relai 7 sans le voir et improvise plus loin un relai foireux (1 spits + 2 friends pas terribles...). Hubert s'arrête au bon relai, le mousquetonne, puis G. repart, cette fois-ci sans tirage et avec la conscience tranquille (le relai est devenu bon).
[Belle voie mon cher baron ]
Nous descendons au col-termier
[un névé entre le tour-termier et le col-termier]
puis regagnons le sentier d'approche, puis la voiture, puis le col du Lautaret où l'on déguste
des crêpes et des boissons fraiches, avec vue sur la Meije : c'est Byzance !
5- Samedi 19/08/23:
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G. réclame une pause qui lui permette de laver son linge. Hubert accepte la pause.
Pendant que les machines à laver se démènent, nous savourons des glaces en lisant
un journal ou un livre, sur une terrasse de café du Monêtier.
6- Dimanche 20/08/23:
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Nous retournons au Tour-termier pour faire la voie:
"Ponant neuf", 280m, 6a,6a+ max, 5c++ oblig, 10 longueurs.
Nous grimpons en réversible, suivant une alternance impeccable:
H. fait les longueurs impaires et G. les longueurs paires.
[Hubert au R1
[Vers 16h nous constatons le succès]
Quand nous passons au col du Lautaret, les bars sont en train de fermer: on se contentera
de deux boissons fraiches et d'une glace en cornet, à savourer face à la Meije; ca va, ce n'est
pas le bagne ...
7- Lundi 21/08/23:
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On monte au refuge du Chardonnet (vallée de Nevache) avec l'intention de repérer les attaques
des voies du secteur de la Crête du Queyrellin.
Nous crapahutons au moins deux heures le long de la paroi où doivent se trouver les voies mais ...
ne dénichons aucun spit annonciateur de départ de voie.
G. teste le pierrier à gauche des voies (hypothétiques) pour la descente: pas trop mal, pas très roulant non-plus, je suis plus souvent sur les talons, voir les fesses, que debout. H. redescend toujours au plus près de la paroi pour essayer (désespérémen) de repérer des spits mais ... en vain.
BILAN:
35 longueurs, avec une corde de 100m bicolore. AUCUN rappel coincé.
Orteils très fatigués chez G.
REFERENCES:
Oisan nouveau, oisan sauvage, Livre Est.
par Jean-Michel Cambon, 2015
Topo très complet: alpinisme, escalade et même quelques sites-école.
Une nouvelle édition vient de sortir mais n'avait pas encore atteint la librairie de Monetier
vers le 20/08/23.
Briancon Climbs
par la famille Rolland
Décrit les sites-école.
PERSPECTIVES:
Nous emportons l'envie de faire d'autres voies au Tour Termier et entretenons les rêves de Vallon de la Moulette. La vie est maintenant courte, mais pas terminée, non mais alors, quoi, menfin. Nous sommes encore pleins d'avenirs.