12 Août 2017, parking de Troumouse. 2100 m d'altitude. 6h00 du matin. Je claque la porte de la voiture dans laquelle j'ai dormi cette nuit et j'entame cette belle journée dans le but de parcourir la traversée intégrale du cirque de Troumouse dans le sens horaire (du col de la Sède au col de la Canau).

 

La nuit est noire et je suis seul. Il y a bien cette petite lumière qui vacille là haut dans ce que je devine être la paroi fermant le cirque sur son flanc Ouest et je trouve ça bizarre que des grimpeurs s'aventurent de si bonne heure dans ce coin où la qualité du rocher ne rime pas forcément avec sécurité. Mais bon, chacun voit midi à sa porte.

Il fait bien frais pour un mois d'août, à peine 5°C. L'herbe crisse sous mes pas mais je me réchauffe rapidement courant presque sur le sentier menant au lac des Aires, bien en forme une semaine après le XiberoTrail. Grosse motivation. Mais toujours cette frontale là-haut qui s'agite en tout sens désormais. « Ferait mieux d'éclairer ses pieds que la vallée ! »

J'enlève une couche quand le jour commence à poindre. Et voilà que la frontale continue à me faire des clins d'oeil insistants. Par politesse, je lui réponds par quelques signaux identiques. Et après quelques minutes de communication lumineuse, il faut bien se résoudre à l'évidence. Ce dont je me doutais dès le début mais en espèrant me tromper, il me faut contacter les secours …

 

Je dégaine donc mon portable, chose déjà exceptionnelle que 1) j'ai pensé à le prendre et 2) il est partiellement chargé ! Mais bien entendu, pas de réseau. Le jour se levant peu à peu, je devine au loin le promontoire de la vierge de Troumouse et je décide de m'y rendre réveillant au passage quelques brebis contrariées. Au pied de la vierge, je tends le bras aussi haut que mes articulations le permettent et là, ô miracle ! , une barre de réseau. Je tente le coup de fil à un ami, en l'occurence ma mère que je sais déjà réveillée à 6h30 du mat. Et récupère ainsi le numéro du PGHM de Pierrefitte. J'ai à peine le temps de leur expliquer la situation que la communication coupe. Il en sera ainsi pendant plusieurs longues minutes. On communiquera désormais par SMS, quand ceux-ci veulent bien partir.

 

Alors j'attends. J'attends le cul dans l'herbe que les gendarmes montent. Le jour est bien installé maintenant et les frontales rangées. J'attends toujours, en regardant passer les moutons et les premiers randonneurs qui arrivent, toujours plus nombreux, se demandant pourquoi je reste assis bêtement sur le bord du chemin …

 

Il est 9h du matin quand enfin le 4x4 des militaires se gare sur le parking et que je peux leur expliquer, non sans mal, où se trouvent nos bivouaqueurs de fortune. Car autant etaient-ils bien visibles de nuit avec leur frontale, autant, de jour, en plein soleil, ils sont pratiquement invisibles, tels deux tout petits points perdus au milieu de cette immense paroi formée par le cirque de Troumouse.

 

 

9h30. Les gars sont repérés aux jumelles, l'hélico est enfin appelé. On n'a plus besoin de moi, je passe la main aux pros. Mais mon projet de traversée intégrale tombe à l'eau. Techniquement, j'ai encore juste le temps de le faire mais je ne veux pas rentrer trop tard ce soir pour ne pas compromettre la sortie multi-activités du lendemain. Donc, je me contente de la moitié du parcours, du col de la Canau au col de la Munia. En mode repérage, pour la prochaine fois.

 

Et cette prochaine fois, c'était le 15 octobre dernier. Pas seul cette fois puisque accompagné de mon frère. Les journées raccourcissant, le départ, toujours nocturne est donné un peu après 7 heures. Bien-sûr, je mentirais si je te disais que je n'ai pas levé la tête pour vérifier l'absence de petite étoile un peu trop basse à mon goût. Mais cette fois, je crois qu'on est vraiment seuls !

Donc moins d'anectodes pour cette seconde tentative marquée uniquement par des paysages grandioses, des couleurs d'automne chaudes, une température douce et un parcours totalement sec malgré les premières chutes de neige quelques semaines plus tôt.

 

« Le parcours intégral des crêtes de Troumouse est une course d'arête de plus de 8km évoluant constamment autour de 3000m dans un cadre exceptionnel. Peu difficile dans l'ensemble le parcours requière néanmoins une attention de tous les instants, le vide étant très présent, et le rocher pas toujours stable.

Les passages aériens et les portions plus faciles alternent constamment, rendant la course toujours plaisante en dépit de sa longueur. » nous annonce l'auteur d'un topo.

Plus de détail ici http://www.rando-marche.fr/_f8216_439_escalade-cretes-de-troumouse

 

P1150165

 Arrivée sur la crête au niveau du col de la Sède. Le grand spectacle du Cirque peut commencer.

 

 P1150164

 Mont Perdu, Cylindre et Marboré devant la crête où je passerai dans quelques heures.

 

P1150172

En redescendant du Gerbats

 

P1150176

Les lacs de Baroude (sans leur refuge qui a entièrement brûlé il y a deux ans)

 

31 WP 20171015 12 18 52b

La montée au sommet de la Serre Mourène est plus impressionante mais sur du rocher plutôt sain ...

 

 P1150188

 A mi-parcours

 

Mon frère, fatigué, met le cligno à droite au niveau du col de la Munia pour descendre par la voie "normale" de la face Nord. Je continue donc seul pour la seconde partie du cirque, refaisant en sens opposé le parcours du mois d'Août dernier. Connaissant désormais les lieux, je ne traine pas et me retrouve 2h20 plus tard à la voiture.

 

 P1150195

Contemplation ...

 

P1150196

La face Ouest du Pic Heid, loin d'être une classique. Elle n'attire que les collectionneurs des 100 plus belles.

 

P1150202

La descente du Pène Blanque : ça passe bien toute crête.

 

P1150206

 Le passage du Cheval Rouge (comme à la Meije !)

 

55 WP 20171015 15 24 26b

La première partie du Cirque

 

 

 

Le parcours suivi (sans compter l'aller-retour )au Pic de Gerbats)

 

Retour sur les moelleuses pelouses du fond du cirque après cette longue chevauchée minérale. Une bien belle boucle de 15-16 km dont la moitié sur les crêtes. 9h pauses comprises. La lumière magnifique de ce début d'automne, les températures idéales. Un créneau météo précieux.

Et la bière descend toute seule à Gèdre.

 

En bonus, d'autres photos du jour ici.

https://www.flickr.com/photos/121732419@N03/albums/72157687266461781

Et celles de la veille et du surlendemain ici et .

https://www.flickr.com/photos/121732419@N03/albums/72157661646317448

https://www.flickr.com/photos/121732419@N03/albums/72157661646126898

 

Beñat.

 

 

Commentaires   

# tienou 28-10-2017 18:15
Typiquement le genre de course qui me fait envie ;-) en inter-saison. Manque plus quel dodo la haut !
# adrien 31-10-2017 12:18
La classe ! Comme Etienne une course qui me fait rêver depuis longtemps, l'année prochaine peut être
# Cyrillus 06-11-2017 21:02
Un objectif que j'ambitionne également.

J'ai fait un échec météo sur cette course en septembre, avec Bertrand et Anto. On s'est réorientée sur la crête du Gerbats qui chiffre plus haut (IV) mais plus court (5h selon la police).

You have no rights to post comments