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- Écrit par adrien
- Création : 29 décembre 2015
- Affichages : 2448
Avec Amélie on a fait notre première rando ensemble dans le Mercantour il y a quelques années, une petite balade sans prétention mais qui nous avait séduit, alors quelques années plus tard à la recherche d'un beau raid pour septembre 2015 on s'est naturellement dirigé vers les Alpes du Sud et le GR5.
Participants : Amélie et Adri
Après avoir pris le train à Aix, nous récupérons un bus qui nous permet de faire Gap - Barcelonnette, nous passons la nuit dans un petit hôtel et profitons d'une bonne reblochonnade dans un pti resto histoire de prendre des forces.
Jour 1 : Larche - Lacs de Morgon
Le lendemain matin nous partons à 7h en taxi (les lignes de bus sont fermées depuis 15 jours...) et nous montons en direction du col de l'Arche. L'orage de la veille a fait des dégâts et notre taxi stoppe 3 km avant la fin de la route. Ce petit bonus sur la route bous permet d'observer au bout de 5min une biche et son faon, ça commence bien.
Au bout de 2 heures nous arrivons au Lac du Lauzannier et commençons à croiser les premiers randonneurs sur le GR (ainsi que les premières marmottes !).
Petite déception en arrivant au lac derrière la croix qui est quasiment sec, nous prenons quelques forces avant d'attaquer la montée au Pas de la Cavale dans un bon pierrier. Des anglais que nous venons de doubler en profitent pour nous repasser devant et se moquent un peu de nous ("oh young people are stopping !"), mais tant pis on fait pas la course ce n'est que le premier jour.
La vue du col est magnifique avec de gros contrastes, la neige des 4000 au nord et la roche noire du Salso Moreno au Sud. Nous entamons la descente vertigineuse sur le GR que nous quittons rapidement. En effet bien que suivant le fil du GR sur une bonne partie du parcours, notre tente nous permet plus de liberté dans le choix de notre itinéraire et nous évite de redescendre trop souvent en vallée.
Nous traversons donc hors sentier le Salso Moreno pour rejoindre une sente dans le vallon de la cabane qui nous emmène aux Lacs de Morgon notre lieu de bivouac pour la nuit. Ce soir c'est repas de fêtes, saucisses bio ariégeoises et raviolis du dauphiné.
Jour 2 : Lacs de Morgon - Lac de Fer
Après une nuit fraîche nous partons au lever du jour sous le regard des chamois (les premiers aperçus), on dépasse vite les lacs de morgons en direction du col de fer. Arrivé au col nous commençons à descendre sur une belle crête qui fait la frontière avec l'Italie, le vent est glaciale et nous essuyons quelques giboulées mais la vue est magnifique sur cette étroite crête. Nous arrivons rapidement aux aiguilles de Tortisse puis à l'arche de Tortisse une étrange formation rocheuse qui surplombe le Lac de Vens. Direction le refuge de Vens juste au dessus du Lac pour une petite omelette et une bière de recup , ambiance familiale au refuge avec surtout des pêcheurs réguliers à cette période. Ca fait du bien de se mettre au chaud mais la journée est encore longue, nous redescendons donc les magnifiques lacs de Vens et attaquons la montée ver le lac des Babarottes. Nous nous retrouvons vite seul au monde et croisons notre première famille de chamois, surprenant de pouvoir observer ses animaux de si prêt et aussi longtemps. Arrivé au lac nous passons un dernier col avant de rejoindre le "Chemin de l'énergie", cet itinéraire a été construit entre les deux guerres mondiales pour permettre des travaux hydroélectrique dans la vallée (projets abandonnées), creusé à même la roche et comportant de nombreux tunnels il constitue aujourd'hui un magnifique balcon sur la vallée de la Tinée. Nous traversons le plan de Tenibre, où j'avais prévu de m'arrêter mais il nous reste du temps alors nous poussons jusqu'au lac de Fer, en arrivant je regrette mon choix le lac est bien asséché et reste notre seul source d'eau pour ce soir... On ne sortira pas les micropures mais c'était pas génial .... Premier repas lyophilisé dans un orri et gros dodo.
Jour 3 : Lac de Fer - Chapelle St Sébastien de Blainon
Réveil qui pique ce matin, la pluie et le vent ont été nos compagnons toute la nuit et ca tombe encore fort. Je prépare le pti déj sous l'abside de la tente, pour un premier test je suis satisfait j'avais choisi cette tente pour cela. On replie tout le matos en 5 minutes à la faveur d'une accalmie et on entame la descente de 1200 m dans le brouillard et la pluie. On croise vite un chamois qui dévale la pente à toute vitesse alors que nous galérons sous la pluie, mais ca nous remonte le moral. Deux heures plus tard nous arrivons à St Etienne de Tinée et allons nous abriter dans un café pour un bon chocolat chaud (10h c'est un peu tôt pour une bière). Nous récupérons le GR pour remonter sur Auron la station de ski locale (oui c'est pas très sauvage aujourd'hui ...), en passant devant un gite on voit nos anglais du premier jour qui commence tout juste leur journée. Bon on a notre fierté alors cette fois on a décidé de leur mettre une fessée et on les sème après quelques lacets. Une heure plus tard on arrive à la station de ski toujours dans le brouillard et sous la pluie. La supérette est fermée mais on se dégote quand même un bon pti resto ("le refuge") où j'en profite pour prendre une traditionnel entrecôte bière de recup. Les anglais repartent devant nous pendant qu'on finit notre dessert, mais on les rattrapent au pied des pistes pour un 2nd round. A la faveur d'une erreur d'orientation de leur part on passe devant et on rejoint rapidement le col du Blainon en traversant une belle forêt de conifères. Le temps se calme enfin pendant que nous descendons sur la Chapelle St Sébastien de Blainon et ses nombreux hameaux abandonnées, j'ai repéré sur la carte un lieu à peu près plat ou j'espère bivouaquer et ca win hormis que les ruisseaux sont tous à secs. On profite des derniers rayons du soleil pour faire sécher nos affaires bien humide et on se fait une fondue savoyarde version lyoph. Ca sera un de nos pires repas et en plus c'est le seul lyoph que j'ai pris en double ...
Jour 4 : Chapelle St Sébastien de Blainon - Les Portes de Logon
Une belle journée s'annonce avec beau temps à l'horizon. Après une petite heure de descente nous retrouvons le cœur du Parc du Mercantour. Ce matin là, malgré la plus grande attention pour ne pas faire de bruit, nous ne voyons aucun animal (petite déception...), mais le paysage est magnifique entre cascades et forêts de conifères.
Au bout de 2h le temps se gâte. Plus nous évoluons plus le vent est fort et le froid se fait sentir. Nous cherchons un abri, car le vent se transforme en tempête. Nous trouvons enfin une petite cabane de berger au dessus de la Barre de Sallevieille nous logeons à l'intérieur en attendant que le temps se calme... ou pas. Il est maintenant 13h et il nous reste encore pas mal de route pour la journée avant de trouver un coin pour poser la tente ou aller en refuge si le temps ne le permet pas.
Finalement nous décidons de repartir (enfin Amélie car moi j'étais plutôt tenté par rester dans la cabane), pas très sereins, mais en chantant afin de se donner du courage au milieu de cette tempête. Nous marchons à travers le brouillard, le vent et la pluie, nos chansons nous apportant un peu de gaieté, et en entamant "Alexandrie Alexandra", c'est là que nous voyons le premier chamois de la journée, juste à côté de nous, posé sur son rocher en train de nous regarder, comme s'il veillait sur nous. De quoi nous donner un peu de baume au coeur ! ("quand je vais dire aux collègues que les chamois aiment Claude François !").
On atteint finalement le Col de la Crousette (2 480 m) puis la Stèle Valette au pied du Mont Mounier. Ce sommet très réputé dans la région qui a d'ailleurs un ptit côté Ventoux, était un bonus potentielle mais on repassera ^^
Un rain stopper presque perdu, l'intégral de Gainsbourg et 3h plus tard voilà que le temps se lève, alors que nous redescendons du côté de Vignols un petit hameaux perdu. On a bien fait de ne pas rester là haut ! Arrivés à Roubion nous croisons la route d'un gentil Patou, et tombons nez à nez avec un paysage digne d'un film fantastique composé de nombreuse arches rocheuses et cheminées de fée.
Les maisons sont dans la lumière, et juste au dessus une grotte est dans l'obscurité,
prise dans les nuages, le tout survolé par un aigle.
La prochaine montée est courte mais très physique, il est presque 18h et nous sommes épuisés par cette journée. Nous marchons encore quelques minutes et retrouvons un paysages boisé et nos fidèles marmottes. C'est ce soir là que nous avons mangé le meilleur lyophilisé du séjour ; le poulet tanddori. Et cette nuit là, surprise : nous entendons le brame du cerf, encore un élément inattendu qui nous a émerveillé.
Nous plantons la tente au milieu des bouses de vaches, pas le choix, prêt des bois,
ce qui nous vaut la compagnie des araignées pendant la nuit.
Jour 5 : Les Portes de Logon - Rimplas (granges du lieu dit le Serre)
Pendant la nuit la rosée s'est cristallisée et la tente est gelée. Il faut serrer les dents 5 minutes le temps de la replier ! Ca réveille !
Une matiné plus fraiche que les autres, mais la lumière
est magnifique et le soleil nous réchauffe petit à petit
Au bout de 5 minutes de marche nous arrivons au refuge du Longon (1 890m), qui est en fait une vacherie toujours en activité, où nous croisons nos amis les Anglais. Nous nous arrêtons deux minutes pour prendre en photo les biquettes et leurs petits qui viennent nous voir et nous repartons.
Au fur et à mesure nous nous enfonçons dans les bois et nous entendons à nouveau le brame du cerf. Impossible de bien le localiser, nous espérons tout de même que nous pourrons apercevoir le cerf, ou, au pire, des biches. Au bout de 2h nous traversons quelques alpages avec des châlets magnifiques puis nous récupérons une piste qui nous mène à Roure (1 100m), petit village fort sympathique qui domine la vallée de la Tinée.
On se dit que la retraite doit être sympa ici !
La descente continue jusqu'à Saint-Sauveur-Sur-Tinée (490 m) et parait interminable à Amélie qui commence à avoir mal au genou (déjà 1 400 m de D-). Arrivés à Saint-Sauveur-sur-Tinée, nous trouvons un petit resto sympa et faisons le plein de sucré et salé dans l'épicerie du coin car il s'agit de notre dernier ravitaillement avant plusieurs jours.Puis nous récupérons notre colis de ravitaillement à la Poste. Je ne me souviens plus exactement ce que j'ai mis dedans et du coup on repart un peu léger en nourriture sucrée (NB : toujours noté ce qu'on met dedans dans le colis). Nous repartons alors pour une belle montée en plein cagnard et arrivons ensuite à Rimplas (1 000 m) où nous nous rafraîchissons au lavoir et en profitons pour se laver un peu.
Nous quittons alors le GR pour éviter une nouvelle redescente en fond de vallée et pouvoir bivouaquer tranquille. Une nouvelle montée de 30 min plus tard nous décidons de nous arrêter sur la terrasse agricole côté d'une vielle ruine. Nous avons une bonne vue sur la vallée de la Tinée et les petits village plus bas, et une cascade en option !
pour pouvoir ENFIN se doucher "pour de vrai" et laver nos affaires. Ce soir c'est lyoph à l'Aligot et steak haché. En prime un très beau couché de soleil avec vue sur les maisons au loin qui s'illuminent petit à petit.