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- Écrit par femtofred
- Création : 5 novembre 2011
- Affichages : 3241
Nous en avions rêvé plusieurs années, nous l'avions tenté en mai 2010, nous l'avons réalisé en octobre 2011 !!
Participants : Fred, Etienne et Cyril.
Co participants : Irène et Géraud, Béñat et Super Coach
La charte de couleurs : Cyril Fred Etienne
La date a été fixée plus d'un mois à l'avance et nous nous sommes bien entraînés : nous sommes prêts pour prendre notre revanche sur l'incroyable Zoulou de Riglos qui a filé entre nos doigts en mai 2010.
"L'appel de Riglos"
Après une dérobade de dernière minute de Géraud et Irène, nous partons le samedi matin à 3. Quelques gouttes sans suite nous accueillent à Riglos et nous profitons de l'après midi pour tester notre niveau à droite de l'Espelon sur une voie en 3 longueurs (5c/6a/6a+) et sur des couennes (6b et 6c).
Cette première voie nous permet de prendre nos marques et c’est une très bonne chose. La deuxième et la troisième longueur ne seront pas plaisantes, j’ai une vive douleur à chaque cuisse, les restes des templiers. Une fois en bas j’évoque mon possible retrait de la grimpe du lendemain. J’essaie de me rassurer en grimpant en moulinette un 6b. Si le déroulé est fort satisfaisant, mes cuisses me rappellent tout de même à l’ordre. Sur cette voie en 6b, Etienne passera en tête sans problème, ce qui me fera penser qu’il pourra aisément faire quelques passages en tête dans les grandes voies des jours suivants.
"Etienne découvre la cuisine de Riglos à base de patates"
Pour terminer cette journée, je propose d’aller faire un 6c, difficulté que nous serons amenés à rencontrer le lendemain. Après la grimpe sur patate que nous venons d’effectuer, c’est à un départ bien bloc sur niaquettes que j’attaque cette voie d’environ 40m. Et là comme il faut bien se donner, ma préoccupation ne va pas à mes gambettes mais à enchaîner quelques mouvements teigneux. La suite de la voie est une succession de mouvements amples sur bonnes prises. J’effectue quelques arrêts manquant un peu de résistance. Si cette voie a présenté l’avantage de « débloquer » mes cuisses, elle ne m’a pas rassuré sur mon potentiel.
"Etienne couine dans dans une couenne en 6C"
Récompense du soir : les « hommes » prendrons une cana ou deux, et les gonzesses une cana con gaz…
"Cette bière semble rendre Fred perplexe"
Le beau temps est au rendez vous dimanche pour partir dans notre objectif : "Zulu Demente" (6a+/6a/6a+/6b/6b/6b/7a) dans la Viscera. Les conditions sont là : température, pas de vent, ambiance détendu de la cordée. Malgré cela, une légère frustration subsiste, je suis moins préparé que l’année précédente ayant moins grimpé. D’autre part j’ai peur d’accuser le coup, le trail de la semaine précédente ayant consommé beaucoup d’énergie, le stock de glucides n’est pas complètement reconstitué.
"Le Zoulou s'étend au soleil au dessus de nous"
Je démarre en tête sur les premières longueurs. A partir de la 2e longueur, la voie se transforme en un champ de patates déversant, l'escalade reste fluide et agréable.
"Etienne pose devant le champs de patates de la 3e longueur"
La 4e longueur est un 6b en double traversée dans laquelle je mets un point d'honneur à ne pas m'arrêter. Du coup je me crame les bras et demande un changement de tête de cordée. C'est Fred qui assurera le spectacle sur les dernières longueurs.
Au fur et à mesure de l'escalade, la voie prend toute son ampleur, les vautours tournoient au dessus de nos têtes, le vide se creuse dans nos bras et sous nos pieds jusqu'à la dernière longueur qui constitue l'apothéose en difficulté et en ambiance : majeur !!
Je tire au clou sur le pas de 7A et je m'arrête 3 fois dans la dernière longueur : l'incroyable Zoulou a eu le dessus sur moi et je finis cette dernière longueur sans gloire mais content.
Les 3 premières longueurs ne furent pas très fluides, je m’attendais à pouvoir grimper en faisant moins d’effort. La 4ème longueur un peu plus technique me disposera un peu mieux dans la course. Ce qui normalement se fait en deux longueurs pour terminer, se fera avec une pause supplémentaire au niveau des toilettes des vautours. La dernière longueur se compose donc d’un 6b+ sur une quinzaine de mètres puis d’un 7a/7a+ sur 30m. Je décide donc de grimper comme un manche pour le 6b+ et de prendre un bon vol après voir mis la main dans ce qui ressemble à de la magnésie mais qui se trouve être de la fiente de vautour séchée ! Du coup cela adhère beaucoup moins bien et étant passablement « oxy », je me vautre. J’installe donc le relais au niveau des gogues à rapaces, on ne peut moins inconfortable. Le départ du 7a est directement un pas difficile sur un bi-doigt. On ne peut pas dire que ce qui vient de précéder nous ait préparé à cela : de patate en patate tu chemines dans Zulu… et là un bi-doigt !! L’échec précédent ne m’incite pas au zèle, après un essai infructueux, sans remord, je tire au clou !! Ensuite le champ de patates reprend ses droits, un mouvement un peu plus difficile corse la sortie.
"Beau dévers dans la 7e longueur du Zoulou"
Cette promenade en sub-verticalité est un instant magique, l’ambiance avec mes camarades de cordée rendra ce moment inoubliable.
"La sommitale du Zoulou"
L’entraînement dans les 7A du devers de « Roca » ces derniers temps montrant que c’était à ma portée, j’avais même imaginé en faire une partie en tête ...ce ne fut pas le cas et heureusement, car dans un site aussi grandiose, mythique, qu'atypique que Riglos , il ne faut pas confondre capacité physique et capacité mentale, en tout cas pas pour la deuxieme grande voie de sa vie. Mon rôle de second « porteur de sac a dos » m'a permis de m'éclater sans trop de difficulté dans cette voie avec un très grand plaisir à la clef, sans aucune peur malgré de nombreuses mises en gardes et difficultés qui s'avèreront réelles . Etre à deux au relais en très bonne compagnie avec Fred ou Cyril a fortement contribué à cette bonne sensation.
"La terrasse au soleil mériterait une bonne bière pour être appréciée pleinement"
Le plaisir en grande voie est une grande première pour moi . ( cf ma première expérience en tête dans les 7 longueurs de Pepermint qui furent un succès mais douloureux)
"Un héros sur le Zoulou"
Le lendemain nous partons pour "Murciana" (6b/6a+/6a/6a/6a+/6c+/6c/6b+) dans le Pison sur l'insistance de Fred.
"Une équipe soudée au départ de ce qui sera l'apothéose du week end"
Je pars bille en tête dans la première longueur exposée (1er piton à 7m, 2e à 14m). Je fais un refus sur le pas en 6b, pourtant accessible à mon niveau, mais la fatigue de la veille et l'équipement aérien me crispent.
C'est Fred qui avalera la longueur sans en avoir l'air. Nous poussons Etienne à se lancer en tête malgré lui dans la longueur suivante. Etienne encaisse les premières dégaines en marmonnant (une technique de gestion du stress par occupation de l'espace acoustique) puis refuse le pas de 6a+.
Je reprends la tête pour les 3 longueurs suivantes qui proposent une escalade en dièdre sur deux longueurs puis un superbe champ de patates déversant sur la 4e longueur.
C'est la longueur de trop pour moi : mes bras s'épuisent, l'équipement est parfois aérien et je m'arrête 3 fois dans la voie.
"L'épuisement guette Cyril à la 4e longueur"
Encore une fois, c'est Fred qui emmène la cordée sur les dernières longueurs et nous donne quelques leçons de bloc. Le 6a+ suivant est vite avalé, mais les bras accusent le dénivelé. Fred passe le pas de 6c+ suivant en libre après un vol sur le dernier mouvement du passage (dommage !!). Pour moi et Etienne, ce sera plus difficile mais nous passons en libre aidés par la corde.
Même topo pour le pas de 6c de la longueur suivante. Nous sommes de plus en plus épuisés.
La dernière longueur sera celle de trop pour Etienne qui finit le pas de 6b+ en tirant sur la corde au machard.
"Etiene, dit Le Pacha, fatigué à la 7e longueur"
Arrivés en haut, la satisfaction d'avoir réussi cette belle voie du Pison nous submerge, mais il faut penser à la descente car déjà le jour baisse.
Nous partons à l'assaut des rappels pour finir à la frontale dans le cañon de l'Espelon.
"Riglos by night"
Si Zulu a fatigué mes compagnons de cordée, il n’en ait rien pour ma part, je dirai que cela m’a mis en appétit. Alors que je pensais pouvoir me reposer sur Cyril le meneur pour les 4-5 premières longueurs, il préfère me laisser l’honneur d’équiper le premier relais. Il faut dire qu’il a équipé la première moitié de la voie avec 3 dégaines sur 20m ! Il reprend la direction des opérations après une tentative avortée d’Etienne en tête sur la deuxième longueur. Je pensais qu’il me passerait la main pour effectuer les 3 dernières longueurs, plus dures, mais la fatigue est là et je reprends la tête sur un 6a+ qui me donnera confiance.
"Fred, dit Le Guide, serein à la 5e longueur"
Nous quittons là le champ de patates pour arriver dans les successions de panzas. Les prises sont moins grosses, les mouvements un peu plus techniques, un vrai régal. La diversité de cette voie en fait son attrait principal : 2 longueurs en dièdre, 3 longueurs de patates et 3 longueurs de panzas. La redescente se finira à la frontale, un pur moment pour finir cette excellente journée. Les bières la concluront définitivement.
"Une caña (con gas?!) por todos"
Murciana la veille me faisait déjà un peu peur et hors de portée, probablement un peu entamé émotionnellement par Zulu aussi. Le départ et refus de Cyril dans la première longueur confirmera le ton dans ma tête. Malgré ces conditions de départ difficiles et a cause de sa difficulté, cette voie impressionnante me laissera la sensation d'un très bel exploit réalisé grâce à la ténacité de mes deux camarades et à leur connaissance des grandes voies. Je suis arrivé en haut de manière relativement honorable malgré mon refus en tête et la sortie du dernier pas difficile au machard. J'ai beaucoup appris dans cette voie. Le plaisir d'être tous les 3 ensemble la haut après un si bel effort fut une belle récompense et l'euphorie gagnera au fur et a mesure de la descente en rappel dans le noir à la frontale. Merci encore à Cyril et à Fred, de nous avoir permis de réaliser cet exploit !
"La sommitale de Murciana au soleil couchant"
Le dernier jour, des sauts d'eau nous chassent de Riglos et nous rentrons finir les bras de Fred à Roc'Altitude après avoir tenté un arrêt à la salle d'escalade d'Oloron.
Zulu Demente et Murciana me laissent sur des souvenirs magiques avec un goût de retour. La qualité de l'escalade, l'ambiance aérienne du dévers et la difficulté des voies constituent le mélange mythique de Riglos.
Ces deux voies ont ouverts des possibilités que je n’envisageais pas. Je souhaite y retourner pour me confronter à de nouvelles voies.
"Hasta luego Riglos"
Merci à Fred de m'avoir tiré vers le haut dans l'escalade et à Etienne de m'avoir soutenu dans les passages difficiles.
Commentaires
7a à Riglos en tête, respect !
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