Participants : Yo, Fredo, Femtofred et Ju

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Après le fiasco de la fine équipe des pieds nickelés sur le festival UTMB en 2010 (5 partants, 0 finisher de la course qu'il était venu faire, voir CR sur le site ), 4 valeureux pieds nickelés étaient donc à nouveau au départ d'une de ces courses du festival UTMB. La course c'est la TDS (Trace des Ducs de Savoie), petite soeur plus technique et plus engagée du célébre UTMB. Au menu tout de même 110km et 7100m de D+ à parcourir en moins de 31h... Gros programme !

On notera les absences remarquées (car inscrits sur la course) de Jess et Orel, ce dernier ayant notamment fallacieusement prétexté une faillite de ses bourses pour rester auprès de sa colloc préférée missing icon

Le départ de la course, très chaude ambiance (plus de 30°)

 

Les commentaires croisés de course ci-dessous sont tantôt de Yo, tantôt de fredo

 

Yo :

Retour à Chamonix en ce dernier we d'aout pour tenter la vrai TDS : l'année dernière, on avait eu droit a un itinéraire bis,sur 88km, qu'on avait boucé en 24h avec l'ami Fred, et coach Orel sur la fin.

Cette année, c'est 20km, et 2000D+ supplémentaire, sur un itinéraire soit disant plus technique...

Départ à 9h de Courmayeur. Sur la ligne, 1200 coureurs, dont notre petit équipe : Fred, Fredo, Julien et moi.

Départ sympa dans les rues de Courmayeur, et au bout de 5km, finit les applaudissements et la foule, on attaque les choses sérieuse : 1500m de D+ pour monter au col de Youlaz.

Il fait déja très chaud. La montée sur piste devient technique à mi chemin et cela bouchonne. On se sépare assez vite pour se retrouver dans la descente. Passage du col en 2h30 pour ma part, dernier de la troupe. Mais je retrouve tout le monde dans la jolie descente qui nous emmene à la Thuile, premier vrai ravito.  Nous arrivons ensemble avec Fred, et Julien, 4h de course pour 21km.Pause de 15min, pendant laquelle on voit passer Fredo sans quasiment s'arreter : "avec mon genou je galere trop dans les descentes, je trace"

 

Fredo :

 Après l'Ironman d'Embrun 10 jours avant et l'ascension du Mont Blanc 3 jours avant, je suis pas hyper confiant quand à ma capacité à voir la ligne d'arrivée de cette course annoncée plus technique et plus engagée que l'UTMB. J'avais fini l'année dernière la version écourtée (81km et 4000m de D+) de la CCC, mais là j'ai franchement tiré sur la couenne. D'autant plus qu'en m'étant fait caillaisser la jambe dans le couloir du gouter (intérieur cuisse et genou gauche touchés), j'ai franchement peur que la douleur se réveille plus vite que prévu. Enfin la veille de la course comme j'ai plus mal nulle part, on va tenter de prendre le départ.

 Départ donc de Courmayeur en Italie avec Julien et en plus Fred et Yo qui sont arrivés la veille au soir respectivement de Paris et Toulouse, on a donc au programme finalisé 112km (et non plus 110 comme annoncé sur le site) et 7100m de D+ a boucler en moins de 31h pour rejoindre Chamonix. Il fait très chaud (environ 30° à 1000m)

Dès les premières foulées je grimace, l'intérieur de la cuisse est douloureux dès que je mets un peu d'amplitude à ma foulée, je trottine donc sur les 4-5 premiers km en n'utilisant pas les cuisses mais uniquement les genoux, puis on attaque la longue montée au col de la Youlaz (1500m de D+), en montée tout se passe nickel, mais suit une longue descente assez roulante sur La Thuile de prés de 10km où je trottine donc sans les cuisses pour rester sous le seuil de douleur et je transpire à grosses gouttes avec cette chaleur. On arrive tous les 4 au ravito de La Thuile (km 21) en 4h. 15min à se ravitailler, je suis surpris de ne voir qu'un litre manquant dans ma poche à eau, je décide donc toutefois d'attendre le prochain ravito à Bourg Saint Maurice pour re-remplir.

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Ascension du col de la Youlaz (1500m de D+)

 

Yo :

  La montée suivante est moins raide sur le col du petit saint bernard, a ce stade nous n'avons pas rattrapé  Fredo qui est toujours devant.

Fred souffre pas mal de la chaleur, et galere pour bien s'hydrater. Julien est en plein forme ; De mon cote ca va aussi.  Petite pause de 15min au col, Fred tente de récupérer au niveau digestion, et on attaque une longue descente de 14km vers Bourg Saint Maurice.

Julien part devant, je court avec Fred au début, puis on rattrape Fredo.

Je les lache sur le dernier tiers pour arriver à 17h à Bourg-Saint-Maurice, après 8h de course et 2400D+. Fred et Fredo arrivent quelques minutes apres, et Fred est très mal en point...à 2 doigts de tomber dans les pommes.

Du coup il décide d'arreter la, et on le laisse en compagnie d'une jolie infirmière.

Départ 17h30, avec un petit changement au programme : course déviée à cause des orages, on ne passera pas par le passeur de pralognan, mais par la route pour rejoindre le cormet de roselend. C'est la loose, on se prend 9km en plus - soit 25km avant le cormet, et surtout on va presque tout faire sur la route ! 

Fredo :

 On repart vers le col du petit Saint Bernard (km30, 1300m de D+) qui se monte vite, fred est un peu décroché et donne quelques signes de faiblesse. Puis on bascule vers Bourg Saint Maurice où c'est moi qui suit un peu décroché dans la descente, ne pouvant mettre d'amplitude dans ma foulée sans compter que je tombe à sec de Camel dans le milieu de la descente, heureusement qu'il y a quelques abreuvoirs à vaches pour boire et se rafraichir (tête sous l'abreuvoir, fait vraiment super chaud)... Ju et Yo arrive 10 min avant fred et moi à Bourg Saint Maurice (km 44), on en est à 8h de course. Fred appelle une infirmière, il a des vertiges... diagnostic : hyper glycémie, il préfére abandonner tant il se sent pas bien. De mon côté, l'inspection du Camel m'a fourni la réponse, avec tout le matériel obligatoire en plus cette année, le sac est bourré et appuie donc sur la poche a eau me faisant remonter de façon fausse le niveau, ok, je me ferait plus avoir. D'autant qu'avec des ravitos tous les 20 km, on est franchement plus engagé que l'on ne l'est sur la CCC ou l'UTMB (ravito tous les 10km en moyenne). Alors que l'on est sous la tente à manger une soupe chaude et quelques morceaux de fromage, un bref orage eclate avec des trombes d'eau... çà rafraichit à peine l'atmosphere. On nous annonce toutefois une modification de parcours car le col suivant (Passeur de Pralognan) est très dangereux sous la pluie, donc on nous rajoute 9km et on nous enleve 300m de D+, ce sera donc 121km à faire et le prochain ravito ne sera que dans 25km, gros coup au moral !!

On se remotive et la pluie est faible en repartant

 

Yo :

On commence à sentir les jambes sur la montée, mais on avance tranquille, le soir et la chaleur commencent à tomber...pas d'orage à l'horizon, a part un rapide passage pluvieux lorsqu'on etait au ravito.

Après la courte montée, on trouve une piste, puis route descendante, et on lâche Fredo pour partir devant avec Julien. Longue descente sur route, puis longue, très longue montée (14km pour 800D+)

C'est chiant, alors on discute, et on avance vite (trop vite peut etre pour moi !). Sur la fin on retrouve un petit raidillon en chemin, puis les 2 derniers km de route. Il est 23h, on arrive au Cormet.

J'ai les mollets qui fument, je reve de m'allonger, mais c'est pas trop l'ambiance, le ravito est bondé, et on galère pour se trouver un bout de banc ! Chez Julien, ce sont les pieds qui fument, surtout un avec d’énormes ampoules.Séance récup et soins, sur un petit bout de banc.

Fredo nous rejoint vers 23h30. Départ commun a minuit, j'ai recupéré mes mollets, mais je sens une bonne fatigue générale. Pour nous mettre en jambe, on croise en sortant du ravito un mec tres tres mal qui vomi tout ce qu'il peut !

Allez, c'est parti pour 19km entre 2000 et 2500, de nuit

 Fredo :

Au bout de 500m après Bourg Saint Maurice, je me rends compte que j'ai oublié mes batons... fuck, je laisse Yo et Ju et fais l'aller-retour pour aller les rechercher, vraiment cette course ne se passe pas bien. Je fais l'effort dans la montée au fort de la Platte pour revenir sur Ju et Yo que je rejoins environ au quart de l'ascension (1200m de D+), on essaye encore de trottiner sur une longue redescente sur route, mais çà tape dans les genoux et les chevilles, Yo et Ju me distancent encore même si je les garde en visu, on finit la descente en marchant, puis une longue montée de 15km doit nous ramener au Cormet de Rosselend (km 69), mais dès le km 55, j'ai ma vieille ennemie périostite qui apparait sur le tibia gauche, mais là beaucoup plus tôt que prévu..., je ralentis et perd définitivement de vue Ju et Yo. Vers 21h et le passage du village de Chapieux, la nuit s'installe et je continue donc à la frontale. Arrivée au col où il y a dejà de nombreux abandons (un plein bus de rapatriement). Je retrouve Yo et Ju qui vont bientôt repartir, ils m'attendent un peu, Ju a très mal aux pieds mais de supers cannes, Yo a l'air fatigué. Pour ma part, je me demande vraiment si je pourrais continuer si la douleur du tibia empire, bah çà reste gérable pour l'instant. Le prochain ravito est dans 20km environ, je repars dans la nuit.Yo et Ju me distance en moins de 500m.

Yo :

Dès la première ascension 300D+, je sens que je vais galérer. Pas trop mal aux jambes, curieusement les mollets ont récupéré, mais je suis vanné, j'ai plus de souffle.Entre l'altitude et les restes de la montée sur route. Je monte donc doucement, mais à rythme régulier. Julien reste derrière moi, pour lui c'est la pleine forme. On bascule sur la descente, qui est bien chouette de nuit dans une sorte de gorge, il fait presque chaud.

Puis ca repart pour 600D+. Julien part devant dès le début, je ne le reverrai que le lendemain devant une biere ! Montée très longue donc, je ne suis pas le seul a galérer. Toujours à bout de souffle. Malgré tout je me fais encore plaisir, et discute avec quelques coureurs, qui galèrent eux aussi. Passage du col vers 2h30 du mat, sous les étoiles et un vent à décorner les bœufs.

Je n'arrive pas du tout à récupérer dans la descente qui suit, et fais une pause avant le dernier raidillon.Je commence à douter de mes capacités à finir, je vois bien que je ralentis, et qu'a ma vitesse actuelle, je vais mettre au moins 10h pour faire les 30bornes derrière le col du Joly. En plus le sommeil me gagne, bref c'est le coup de mou. Du coup je me concentre sur le prochain objectif = le ravito a 200d+ et 5km, après on verra

Mais dès la montée c'est l'horreur. Souvenir de Bolivie à 6000mètres : 10 pas, une pause, 10 pas une pause, etc...Bizarrement je n'ai pas mal aux jambes, mais une douleur aux cotes qui m’inquiète un peu, en plus du souffle, du sommeil et de la fatigue nerveuse. Il me faut presque 1h pour faire cette ascension de 200m, et encore un bon moment pour les 2km qui suivent jusqu'au ravito. Je le pensais beaucoup plus pres et ca me semble interminable. Je pointe au col après 19H45 de courses, à 4h45 du matin.

Premier objectif : dormir en espérant récupérer, et repartir pour retrouver des points de vie dans la longue descente jusqu'aux Contamines. Mais pas possible de dormir, je ne suis pas bien, l'idée d'abandonner tourne dans ma tête. En même temps on annonce le départ de la navette de rapatriement. Après plusieurs tentatives de sieste, et de nombreuse estimations sur mon temps restant pour finir, je vais rendre mon dossard, avec presque les larmes aux yeux (c'est con quand même missing icon ).

Je monte dans le bus vers 5h30 du mat, il part de suite. Arrêt demandé au chauffeur dans les virages de la descente pour aller vomir ! Après ca va mieux, et je m'endors comme une masse.

Retour a Chamonix pour débriefer avec Fred puis Fredo, et allez boire quelques bière pour féliciter Ju à l'arrivée.

Au final, encore une expérience très forte, sur un itinéraire technique et joli (sauf la route !). Pas trop déçu d'avoir abandonner, faut bien que cela arrive de temps en temps, ca fait partie du jeu. Ce que j'ai trouvé le plus dur finalement c'est la gestion nerveuse de la course, surtout dans ces états de fatigues auxquels je ne suis pas habitué. Après coup j'ai récupéré super vite, et je suis ultra motivé pour refaire une course de cette taille...et finir je l’espère


Fredo :

Au bout de moins d'1km, je sens de l'eau couler dans mon dos... merde le camelback ! Seulement le tuyau dévissé, mais j'ai perdu 1/2L dans l'incident... décidement, cette course ne se passe pas bien. Je croise plusieurs personnes prostrées sur le bord de la route, certains en train de vomir, la chaleur a vraiment endommagé les organismes... Le parcours est vraiment très technique, de nombreux passages rocheux, des petits pierriers, ... Le ciel est magnifique et rempli d'étoiles, on distingue très nettement la voie lactée... j'avance doucement et de plus en plus de personnes me double, saleté de douleur au tibia. Au bout de 10km environ, ma frontale tombe en panne, punaise c'est pas vrai, quelle poisse aujourd'hui !!! Je passe sur la frontale de secours. Au bout de 15km environ, la douleur ayant empiré, mon allure ayant encore ralenti et me promettant désormais de sortir des délais avant la fin de course, ma décision est prise : je vais abandonner au prochain ravito au col du Joly. En plus sur ces derniers km effectués à allure d'escargot, la tempete se léve et des vents en rafales de l'ordre de 100km/h m'oblige à plusieurs reprises à m'arreter et rester prostré sur mes batons dos au vent pour ne pas tomber. A 2-3 km du ravito, je sens en plus une fatigue completement inhabituelle, mes yeux se ferment tous seuls et l'envie me prend de m'allonger dans l'herbe pour dormir un quart d'heure, j'hésite mais finalement décide de rallier au plus vite le ravito, j'ai poussé trop loin la machine, j'aurais du mal à repartir. Arrive enfin le ravito du col de la Joly (km 88 et 21h de course) où j'apprendrais plus tard que Yo a aussi abandonné seulement 50min plus tôt que moi, fatigue générale, impossible pour lui de repartir, et vient d'être rapatrié sur Chamonix quelques min avant mon arrivée. Je tends donc mon dossard pour que l'organisation récupere la puce et me mette hors course, impression étrange d'abandonner, mais je sais intimement pour l'avoir muri que c'était la décision à prendre ne pouvant parcourir les 33km restant en 10h (ayant mis prés de 7h pour couvrir les 20 derniers).

Je dors 1h sur une table au ravito, puis suis rapatrié (5h dans le bus Mécontent) et assisterai à Chamonix, avec Yo et Fred (autour d'une bière) à l'arrivée de Julien, seul finisher de nous 4, en un peu moins de 28h et pas mal abimé de cette TDS 2011

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Ju, seul finisher du groupe qui vient de passer la ligne d'arrivée 

Au final, c'était vraiment une belle expérience et je suis convaincu que si la périostite ne s'était pas réveillée si tôt, j'avais les jambes pour finir, mais c'est très certainement un juste retour du corps mis à trop rude épreuve sur le mois d'aout.

Donc je n'ai pas de regrets, j'ai fini Embrun, j'ai gravi le Mont Blanc et j'ai parcouru 88km et environ 5300m de D+ en presque 21h d'une course vraiment superbe. A titre d'info, il y a quand même eu 35% d'abandons sur la TDS, soit largement plus que la CCC a peine plus courte (20%) et pas si loin que sur l'UTMB (50%), d'ailleurs dans le bus de retour des abandons un papy m'a confirmé avoir fini plusieurs fois l'UTMB et qu'il trouvait aussi dur la TDS car beaucoup plus engagée et technique...

 Un collègue du club de triathlon, croisé à Chamonix et qui m'a envoyé un SMS d'encouragement dans la nuit (ce que je n'ai pas manqué de lui rendre) a réussi à boucler l'UTMB en près de 36h à la 181° place, très grosse performance, on se sent tout petit...

Heureusement, on a tous été arroser dignement et copieusement la course le soir même ! missing icon 

 

Commentaires   

# Francky 20-09-2011 11:46
Bravo à tous, même sans finir la distance et le dénivelé réalisé sont énormes.
Ce week-end là, si mes souvenirs sont bons, je suis descendu à la cave, que j'ai rangé en 1h18min, et j'ai remonté les 3 étages sans m'arrêter. Je n'avais pas pris de quoi m'alimenter de toutes façons.

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