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- Écrit par Francky
- Création : 23 août 2010
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Pour la seconde année consécutive, la passion des minéraux et de la montagne nous a motivé (moi et Patrice un ami et voisin) pour passer 3 jours sur le glacier de Talèfre (Massif du Mont-Blanc.)
Départ vendredi matin à 5 h, réveillé depuis 3 h à cause de l’excitation.
Le petit train du Montenvers qui aide bien pour éviter 1000 m de D+ avec un sac qui fait déjà 14 kg. Il faut ajouter au matériel de montagne, le matériel de minéralogie. Sac finalement léger comparer au retour, car il ya le poids des découvertes…. Soit 21 kg. Autant dire que la concentration dans les échelles est intense.
Arrivée à 13h au refuge en passant par les fameuses échelles plus longues de 3m, comme tous les ans, à cause de la fonte. Outre le recul, c’est cette perte d’épaisseur qui me désole le plus et qui paradoxalement permet la découverte de nouveaux fours à cristaux pour les passionnés comme nous.
On se repose un peu et on part en exploration sur le glacier à proximité du refuge, le temps est un peu couvert. De petites découvertes, mais pas extraordinaires. Entre deux petites crevasses les restes du matériel (corde, piolet à glace, vêtements…) d’une personne passionnée qui a au final un des plus beaux tombeaux au monde. Pour tout dire je m’attendais à trouver le propriétaire à proximité.
Cela m’a toujours interpellé ce contraste entre beauté, passion, exaltation du corps et de l’esprit … et en l'espace d'une seconde une perte d’équilibre ou l'arrivée du mauvais temps qui tire le rideau sur le paysage et des vies.
Retour au refuge pour manger, pendant le repas le plafond nuageux se disloque laissant au soleil la possibilité de redonner des couleurs aux sommets avant de se coucher définitivement.
Le lendemain, grand ciel bleu, nous décidons de longer les bords du glacier afin de voir si le rocher qui n’avait pas vu la lumière depuis des millénaires, laisse apparaître des fours à cristaux.
La tactique étant de repérer des filons de quartz qui peuvent s’élargir sur qq dizaines de centimètres pour former un four.
Au programme du dénivelé dans des éboulis instables, des pentes glacées et les sens en éveil afin de repérer ces fameux fours et ne pas prendre un rocher sur la gueule.
Midi arrive et nous n’avons trouvé que des fours déjà exploités. Ce qui reste toujours sympathique à contempler. Les plus belles pièces ont déjà été prélevées. Autant laisser ce qui reste pour le plaisir des yeux de ceux et celles qui passerons après nous.
13 h 30 on arrive dans une zone du fond du glacier, là où il commence à se redresser fortement à cause d’une rupture de pente, c’est un endroit qui nous inspirait bien. Le quartz est présent sur des blocs qui viennent des plus hauts sommets.
Après 20 minutes de recherche, nous trouvons deux fours. Déjà visités certainement, de plus les pointes sont chloriteuses (dépôt vert en surface, qui rend les cristaux moins brillant.).
Patrice donne un petit coup de piolet la limite de la glace, rapidement on constate que sous la glaise, il ya un autre four… tout neuf. Nous sommes les premiers à l’ouvrir !!!! Un rêve se réalise !
L’excitation devient totale lorsque nous constatons que les pointes ne sont pas chloriteuses. Je fais la bises à Patrice en poussant des cris de joie, qui ont du s’entendre jusqu’au refuge situé à 2h de marche.
On retire la glaise qui encombre le four, le bras s’y enfonce jusqu’à l’épaule, les doigts sentent de nouvelles pointes toutes lisses, de la tailles de la main pour les plus grosses.
Il y a des flottants (cristaux qui sont libres, pas accrochés aux parois). Ceci est des très bonne augure car se sont souvent de très belles pièces. Pour le moment la glaise est partout, sur les cristaux, sur nous… ce qui permet difficilement d’apprécier la qualité des pièces.
Un nettoyage sommaire d’une pointe dans un filet d’eau sur la roche laisse présager une belle récolte.
La chaleur monte, ce qui n’est pas en notre faveur. De nombreuses pierres se décrochent et dévalent les pentes autour de nous. Alors que l’un de nous deux s’efforce de sortir les plus belles pièces, l’autre regarde au-dessus les pierres qui peuvent être dangereuses. Nous avons repérer une zone où s’abriter si certaines sont pour nous.
L’intervalle entre chaque chute de pierre devenant de plus en plus court, nous décidons de quitter les lieux. La récolte est déjà très bonne.
Retour au refuge à 18h après 10h de marche et de grattages. Le sac est bien lourd et la remontée dans les éboulis en se tractant sur la corde fixe nous a achevé. Fatigué, mais comblé par toutes ces émotions.
La nuit fut terrible à cause d'un salopard qui ronflait tout ce qu’il pouvait. Je comprends pourquoi il ne faut pas emporter les piolets dans les dortoirs. Je décide d’aller dormir dans la salle à manger. Réveillé à 4h par ceux qui font des courses, je remonte dans le dortoir.
Pas compliquer de retrouver le bon, il suffit de suivre le bruit des ronflements.
Le lendemain on décide de rentrer par les balcons de la mer de glace, inutile d’aller chercher d’autres cristaux, les sacs sont déjà suffisamment lourds comme cela.
De plus pour trouver de nouveaux fours c’est du 4-5 h de marche plus les 4h de retour au Montenvers et les 2h30 de route.
Bref, 3 jours inoubliables.
Commentaires
Belles prises !
Nous on était dans le coin, c'est domage qu'on n'ai pas pu se croiser.
Trés joli récit qui rend bien compte de l'ambiance de cette aventure.
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