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- Écrit par niko
- Création : 2 mai 2007
- Affichages : 6272
Il y a des fois où on se dit «on est quand même mieux là qu’à l’usine » … et puis il y a des moments où on se dit « là, maintenant, je serais peut-être mieux à l’usine ! … »
Aujourd’hui on fait 2 groupes : un groupe va se baigner dans la mer rouge (les filles, Antoine et Dudu) et un autre qui reste faire de l’escalade dans le wadi-rum : Hervé, Finot et Moi.
Après étude approfondie du topo, nous nous dirigeons vers « Le Couchant » une voie en TD ouverte par les frères Rémy… mais avec la variante du départ qui permet d’éviter les longueurs en 6a/b. Donc au final la voie fait 300m avec des longueurs qui ne dépassent pas le5+ le tout pas équipée … sauf certains relais pour la descente en rappel, mais nous avons bon espoir de pouvoir effectuer la redescente de l’autre coté par une hypothétique voie bédouine.
La cordée est solide, nous avons le matos adéquat, au pire on peut descendre en rappel, nous avons plein de temps devant nous, les difficultés sont raisonnables. Bref, tous les voyants sont au vert !
Le 4*4 nous dépose au pied de la voie, et là on se dit que la journée va être sympa … mais longue. En effet, devant nous se dresse une superbe paroi sculptée et d’une verticalité qui n’a rien à envier aux voies de Riglos ou celle de la face sud du Tozal !!!
On passe un bon quart d’heure à observer la voie, repérer certains relais et surtout repérer l’attaque qui est annoncée en 3 et qui n’a pas l’air si évidente que cela. Hervé qui avait été envisagé comme 1er de cordée pour les premières longueurs se désiste, et cela me soulage également.
9h40 on attaque. Je mets un temps interminable à faire cette longueur supposée facile et cela ne me plait pas. (bon je me dis que comme souvent, j’ai du passé à côté du passage facile). Pour la 2ième longueur, il me faudra perdre de nombreuses minutes afin de protéger un passage raid entre 2 traversées : une longueur en 4 selon la police, plutôt en 5 selon les syndicats ;-)
Traversée facile, puis une longueur en 5 raisonnable … qui se termine par une relais sur 4 friends (si j’avais pu en mettre plus, j’en aurais mis plus ! ;-) ). « Tirez pas trop sur le relais !... »
Hervé commence à avoir une boule dans le ventre … (il la gardera toute la journée ;-) ).
Allez une traversée en 5+ et on regagne la voie originale. Là ça devrait être plus parcouru, et plus verticale, donc plus de problème de tirage ou de relais précaire.
La traversée en 5+ se protége bien et passe bien avec plein de gaz dessous.
L’ambiance remonte un peu et le moral des troupes revient :
Enfin on se fait plaisir !!!
On boit un peu d’eau, on mange un bout de chapato avec un peu de vache qui rit et feu on continue.
Une longueur en 3 est vite avalée,
une autre en 4 dans une sorte de grotte nous amène au pied d’une cheminée plus que verticale.
Allez c’est parti ! L’escalade y est athlétique, mais pas difficile… le plaisir ne sera que courte durée.
Il faut quand même bien choisir ses prises. Je pose peu de coinceurs et beaucoup de sangles
A tel point que je fini par ne plus en avoir beaucoup. Je continue à m’élever et zou, une prise de pied qui casse. Une boite à chaussure tombe droit vers finot qui m’assure. Heureusement, avant d’arriver sur Finot, elle « rebondit » sur la paroi et en rebondissant elle se transforme en pluie de sable ! Gloups (un voyant vient de passer au rouge).
Faute de sangle je suis obligé de faire un relais sur une minuscule plateforme : ambiance !
Les manipes au relais en sont ralenties.
Au relais, Hervé ne dit pas grand chose, il ferme les yeux pour recharger les accus !
Je vois bien que la boule qu’il a dans le ventre a encore grossi… et vois aussi qu’il se concentre sur son effort pour me laisser me concentrer sur le mien …
Je repars, et 10m au dessus il y a une belle terrasse avec plein de sangles blanchies par le soleil. Je continue. Pour s’élever au dessus de cette terrasse couverte, les précédentes cordées ont fait un petit cairn sur lequel on prend appuie pour atteindre les prises suivantes. (Hervé et Finot passeront en se faisant la courte échelle ;-)).
Je continue à grimper sur un rocher qui ne m’inspire pas confiance du tout. Cela me coûte une énergie terrible … et le plaisir n’est pas là. Je continue, très lentement à grimper.
Je monte les pieds, puis les mains, je tire sur la main droite et là c’est l’annuaire de la région parisienne (pas celui de la creuse !) qui vient avec ma main. Je me dis « Merde, cette merde va me ruiner les tibias et/ou me faucher les pieds !!! » Mais il n’en est rien, c’est à nouveau une pluie de sable qui me passe entre les jambes !
La plupart des voyants sont biens rouges maintenant !
L’idée de descendre en rappel ne m’enchante guère et j’espère encore qu’une sortie par le haut sera peut-être plus longue … mais plus sûr.
Je continue. Relais pas trop inconfortable. Ils me rejoignent assez rapidement.
Allez encore une longueur et il n’en restera plus qu’une en 5.
Ca monte ca monte, je pose des trucs, j’essaie d’anticiper le tirage tout en protégeant mes 2 seconds dans les parties traversantes.
Finalement je suis scotché par le tirage 10m sous le relais. C’est pas grave, on fera le relais sur ce gros béquet bien solide (j’ai taper plusieurs fois dedans, il n’a pas bougé et ne sonne pas creux). Heureusement qu’il a l’air solide, par ce qu’on ne peut pas mettre grand-chose de plus. Il commence à me tarder de sortir de cette voie.
Finot me rejoint au relais alors que Hervé continue de grimper derrière.
Finot : « T’as confiance là dedans ??? »
-Ouais, c’est béton ça !
Hervé : « Sec !! je vais tombé ! »
Niko « OK ! »
Hervé « Non, finalement c’est bon ! »
Finot tape alors sur le béquet, et là il se fend en deux horizontalement quasiment au niveau de la sangle !!!!
GLOUPS !!! (Là tous les voyants clignotent au rouge !!!).
« Hervé, t’es bien là où tu es ? »
-Ouais ouais
-Ben, bouge pas alors !!!
Hervé attend donc … se disant … le relais et petit, il me prépare une place ;-)
Bon regarde autour il y a des vagues trucs auxquels ont peut vaguement attacher des sangles.
On bricole un truc, et Hervé nous rejoint.
Bon, j’y retourne, je monte de 2m et je pose 2 bons friends ! Il est temps que cela se termine !
Je cherche le passage à droite … puis au milieu … puis à gauche … puis un peu plus loin à droite … puis encore un peu plus loin à gauche : tiens un relais (comprenez : un paquet de sangles blanches autour d’un béquet … avec en plus ce coup ci un piton) 4m à gauche.
Je continue à chercher le passage, mais à chaque fois soit le rocher n’est pas bon, soit c’est difficile, soit c’est improtégeable … soit c’est une combinaison des 3.
J’ai les Kiwis à plat, je ne le sens pas du tout.
« Les gars … fin du bal ! On redescend en rappel ! »
Hervé & Finot : « OK ! » (ils s’étaient déjà fait à l’idée qu’on allait dormir sur le Khazali, et donc ils reçoivent cette annonce avec un certain soulagement.
Bon la partie n’est pas finie pour autant ! Il faut remplacer les sangles et surtout ne pas coincer la corde !!!
Bon il faut d’abord consolider le 1er relais. Par manque totale de lucidité cela me coûtera 2 sangles, 1 dégaine + 2 mousquetons (la moitié aurait suffi).
8 rappels plus loin, quelques ficélous, quelques mousquetons et 2m de corde en moins et nous touchons enfin le sol alors que le soleil (couchant comme le nom de la voie ;-) ) vient de disparaître à l’horizon…
La on se rends compte qu’on est vraiment très fatigué !!!
Vraiment une expérience forte … mais vraiment pas une expérience agréable du tout !!!
Heureusement le soir pour se remettre de nos émotions … nous avons bu tout ce qui nous restait de rhum arrangé.
Après vérification, il n’y a pas de voie bédouine permettant de descendre de cette voie…
Commentaires
Topo (www.grimperoots.free.fr/.../)
Remarquez la phrase "Good and Obvious protection and belays"
Que l'on peut traduire par "protections et relais évidents et bons" ...
N'y voyez pas une critique du topo ... mais plutôt un complément d'information : quand on a pas trop de marge dans une voie ... on ne trouve pas les protections si évidentes que cela
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