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- Écrit par cedric
- Création : 9 avril 2020
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Après un automne bien neigeux, les Dieux de l’hiver choisissent de privilégier l’Alpi. C’est pas sympa pour les collègues skieurs, mais nous ça nous plait bien. “Edil en conditions exceptionnelles”. Bon, ça c’est raté (mais pas pour tout le monde), suite à une gastro fulgurante à Bedous. Pas la meilleure nuit de ce début d’année, ni le retour le plus joyeux des Pyrénées le dimanche matin à 06h00. “Arlaud-Souriac” tout en glace, c’est tentant aussi ça non ? Allez, on prend les mêmes, et on recommence !
Participants : JC et Cédric
Mais cette fois, on a été bien malins et prévoyants. Avec ces conditions, va y avoir du monde sur l’affaire, on va y aller en semaine :). Départ lundi soir après le boulot, on fonce au pont d’Espagne. On y arrive assez tard, et ça win !!! Sur l’immense parking, il n’y a qu’un van. Yes yes yes.
Bon on n’est pas d’ici, si on veut pouvoir dormir un minimum avant d’attaquer l’affaire, faut pas trop tarder. Surtout que c’est bien looong (et encore, par rapport au retour, ça n’est rien) pour rejoindre les Oulettes. Passage du crux de la marche d’approche dès qu’on oblique vers le lac de Gaube : le chemin empierré est complètement recouvert de glace. Alors c’est ce qu’on est venu chercher, mais un peu plus haut si possible ! On va quand même pas mettre les crampons ici !!! Après ce grand moment d’Holiday on ice, on aperçoit 3 gars qui descendent. Oh punaise, on va être seuls dans le truc, trop bon !!! JC sort son plus bel espagnol, mais je vous la fait en français quand même : “Bonjour, vous redescendez de Arlaud ? “ “OUi oui”. “Les conditions sont toujours bonnes ? “ “Oui oui, muy picado, un passage fin, mais c’est tout bon” “Cool cool cool”. “Par contre, au refuge, il y a déjà 6 cordées” “Ah ? Gloups….”.
On se regarde avec le poulet, le moral vient d’en prendre un gros coup ! La rimaye qui nous embêtait passe au 2nd plan. On continue à monter ? Ben oui, tant qu’à être là. Grosse réfléxion sur l’approche du coup. “On va mettre le réveil à 3H30, en espérant partir devant. T’es d’accord ?”. “Allez, on fait comme ça”. Du coup l’approche est passée beaucoup plus vite, faut voir le bon côté des choses. Mais en arrivant au refuge, on commence à sentir les rafales prévues par les différentes météo. On rentre. Bon, ils nous ont pas menti nos amis : on compte une quinzaine de paires de pioches… On se change, on mange un bout, et au dodo. Dans 5 heures le réveil sonne !
Dans le dortoir, il y a de la place en fait, c’est grand cette partie hiver ! Super nuit jusqu’à minuit et demi, puis le vent souffle de plus en plus fort. Merde merde merde. Ca se lève régulièrement la nuit pour aller pisser. On surveille les réveils pour essayer de virer en tête. Bon 3H30, on est debout, et ça roupille toujours. Cool !
Du coup, on prend le petit déj, on s’équipe, et c’est parti. On va essayer de pas se paumer, même s’il y a de la lune. Après une demie heure de marche, on voit 3 frontales qui s’élancent à leur tour du refuge. On va essayer de pas être trop manches et de garder l’avance qu’on a.
Vous le voyez le Vignemale au fond ?
Vaut mieux ouvrir les yeux un minimum
On zigzague au mieux en essayant de suivre la neige la plus meuble possible. Avec le vent, les traces des jours précédents ont disparu. Quelques séracs à passer, une belle crevasse, cligno à gauche, sinon on va se retrouver une nouvelle fois dans le Gaube. Ca y est, la rimaye est bien là. Punaise comment on va passer ça ?
C'est complet : après les crevasses, la rimaye. Heureusement que les séracs ont disparu, sinon on aurait pu se croire dans les Alpes
Comme prévu, il fait bien noir… Heureusement, ça fait pas peur à JC, un crampon sur du caillou, une pioche dans le sucre, ça râle même pas et c’est passé. Let’s go :). Pour le reste, à part un fourvoyage dans la 2ème longueur qui fera emprunter des plaquage plus ou moins décomposés plutôt que la ligne qui obliquait fortement rive gauche (c’est sûr que dans le noir, c’est plutôt moins facile pour lire l’itinéraire), ça se déroulera comme sur des roulettes. En voyant les cordées s’aglutiner au passage de la rimaye, on ne regrettera pas notre réveil matinal. Bon, on ne commencera à y voir quelquechose qu’en début de 4ème longueur, mais cette grimpe dans la nuit aura aussi son charme avec des bonnes rincées de spindrift. C’est très très esthétique, et comme prévu les conditions sont optimales. Un peu de corde tendue pour accélerer, on se sent seul dans la ligne, quel plaisir ! Sauf pour les mollets, qui chauffent pour cette 1ère à la montagne depuis bien longtemps pour moi. D’ailleurs, je ne retrouverai le mollet gauche que 2 jours plus tard !
A la douche
Nouvelle salle CU à l'heure de pointe (avant confinement)?
Happys :)))))
Les mollets sont en train de fumer !
Des bons souvenirs à droite. Une de nos 1ères sorties !
On arrive au couloir de sortie, un ou 2 pitonnages plus loin et autant de pas de dry, et on débouche au soleil. Les pitons n’étaient pas trop durs à récupérer, il suffisait de mettre un coup de marteau sur le caillou pour que ça sorte. On est bien au Vignemale ;)
Direction la sortie
Coup d'oeil dans le rétro
Y a pas à dire, l’alpinisme hivernal c’est le pied, encore plus en bonnes conditions !
Summit, pates de coin (merci Josette) and sun ! Devinez qui a encore fait les anneaux de buste ?
Bon, par contre, c’est la partie la moins sympa des voies au Vignemale qu’il nous reste à faire. Comme d’habitude on s’obstinera à rester trop haut sur le glacier, pour finalement rejoindre le point le plus bas en traversant des pentes pas vraiment engageantes.
Point positif : on est en progrès depuis le passage dans le Gaube, on réussit cette fois à trouver le raccourci pour rejoindre la crête du petit Vignemale et déboucher directement au niveau de la Hourquette d’Ossoue. Peut être que pour la prochaine venue on ne fera plus d’erreur ? Du coup on revient sans trop d’encombre au refuge, un peu fouettés par le vent qui souffle bien depuis qu’on est sortis de la voie et hypnotisés par cette face nord, qu'on n’avait pas encore vue en plein jour depuis hier. C’est toujours aussi classe.
Ca me rappelle une page de grimpe célèbre. Bénat : il en manquait un peu en haut encore cette fois
La montagne, ça vous gagne
Pour le reste, on recharge les sacs au refuge, et on tarde pas à descendre, demain on bosse ! La suite de la descente fut comme prévue : bien longue et bien pénible.
Mais bon pour moi la saison d’hiver est enfin lancée, quand est ce qu’on y retourne ???
Les Photos
Commentaires
On attend le prochain épisode avec envie...
Je complète en ajoutant un lien vers votre "presque première" sortie ensemble dans la face nord classique :
grimperoots.fr/.../...
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