Trail Off GR20 :
Traversée en off de la Corse par le GR20 en 5 jours… Pour dire vrai, ce n'était pas un rêve pour moi, surtout que la mode du trail m'avait passé… Je traînais un peu les savattes avant de partir, avant d'entrer dans l'aventure. Mais sur les points qui m'ont motivé : il y a tout d'abord eu l'idée de le faire en off avec des copains (pas de chrono, pas de foule de collants-pipettes), l'idée aussi de réussir un défi sportif (car en 5 jours ça se mérite) et pour finir l'idée de terminer le GR20 dans son intégralité, un superbe itinéraire entre mer et montagne. Bref, avec un entraînement course à pied entrecoupé de légers pépins physiques mais réccurents (périostithe, tendinite), je n'étais pas fier avant de partir… Le genre de préparation dont j'ai le secret : tu pars mais t'es pas sûr de finir 1 marathon, alors en enchaîner 5 ! Bien allons-y, on verra, comme d'hab. En faisant le point avec mes camarades sur le ferry pour la corse : on tombe vite d'accord sur notre stratégie de course. On n'a pas vraiment les moyens de courir, surtout que le terrain alpin s'y prête difficilement. On va marcher léger (petit sac 20L max), vite (au mieux de nos forces) et longtemps (quitte à se lever très tôt). Sur les deux premiers jours (J1 et J2), je suis resté en retrait, histoire de trouver des sensations et de m'économiser le plus possible. La big loose, obligé de faire la conversation à dudu derrière sur des sujets toujours passionnants comme le stérilet, la pornographie dans les maisons de retraite et les conséquences philosophiques de la théorie du chaos sur notre quotidien, …
Passé J1, on est dans la “place”… Au refuge de Manganu (au soir de J2), on est tous bien humide, avec très peu d'affaire de rechange, on a un peu froid. Puis on se fait remarquer avec notre pyramide de bière ! C'était assez drôle en discutant avec les gars, qui nous voyait avec nos petits sacs… “Mais vous allez où ?” - “Ah ouhais, mais 5h+5h+5h=15h, non ce n'est pas possible !!!” - “Et vous venez d'où ?” - “Ah ouhais, mais vous êtes des costauds alors… !” Avec l'accent corse, c'est encore plus drôle. Ce qui nous remonte le moral, c'est tic & toc qui (en courant, soit disant) arrive à la nuit tombée… J3 va faire des dégâts. Cette étape, plus courte sur le papier, nous prend autant de temps que les autres
Il faut dire qu'on a cumulé les difficultés : une étape de 4h dans la neige pour traverser la brèche Capitello (avec les crampons sur les running), une variante sur les crêtes (plus technique mais plus jolie/courte) et un orage de grêle pour finir, avec une longue descente cassante et glissante jusqu'à Vizzavona ! Le soir les troupes sont mâchées, mais la douche chaude et le gîte nous font le plus grand bien. Le lendemain, on attaque la partie sud du GR20 avec deux étapes (J4 et J5) faisant 45km chacune… C'est long long long ! J4, 5h du mat'. A la frontale, dudu et nich attaquent brutalement dans la montée. Je m'arrête pour pisser et quand je repars, il n'y a plus personne… Pfff, les cons ! J'essaye de les rattrapper “au train”, mais c'est impossible, il me faudrait courir. A mon avis, ça va se payer plus tard
Après le premier refuge, il y a une longue étape roulante… Je retrouve de bonnes sensations, après avoir soigné une ampoule pénible. Et je prends la tête des opérations. Au col de Verde, les troupes sont 20mn derrière. J'en profite pour me faire une petite Pietra solitaire au soleil. On repart tous ensemble, mais les troupes ont les traits un peu tirés. Elasto, anti-inflammatoire ou pietra : chacun sa méthode et ça repart
Le soir au refuge, je suis en pleine forme, excité par le lendemain et l'arrivé à Conca, mais ça contraste un peu avec mes camarades bien fatigués de l'étape du jour ! Tic & toc arrivent tardivement et on rigole bien avec eux de nos mésaventures respectives. Reste plus que J5. Oh merdouille, j'ai les cannes bien lourdes au réveil ! Petit à petit, les muscles se décrassent et je me permets même une belle attaque sous le Monte Incudine pour rattrapper tic & toc au sommet
Passage par la variante alpine de Bavella : c'est plus raide mais c'est plus joli et court… Et puis ça fait longtemps qu'on a arrêté de compter le dénivelé
Bonne pause au resto au col de Bavella. Pietra. Entrecote roquefort et pasta, vin rouge : on se soigne
J'en profite pour tester le concept Pietra dans la poche-à-eau… Si si ! Le paysage change petit à petit et les embruns de la mer nous appellent. Sur la dernière étape, on lâche le frein avec avec Fredo en courant un peu dans l'espoir de rattrapper tic & toc qui ont presqu'une heure d'avance. On rattrappe toc assez rapidement et on arrivera finalement 10mn derrière tic… A l'arrivée, je suis bien sec ! Ju a repris de la vigueur et arrive juste derrière nous. On se retrouve tous au gîte 1h plus tard pour la douche puis l'apéro !!! Au final, j'ai trouvé très excitant ce concept de rando ultra-long & ultra-léger avec la prise de risque et d'inconfort que ça comporte… Il y avait un contraste parfois cocasse avec des randonneurs en grosse qui transportent “leur maison” dans des sac 70L à rabord avec des compartiments annexes (au choix, poche qui balote derrière, tente deca 2sec, 2ème sac devant, …) et qui n'arrivent plus à mettre un pied devant l'autre sur des étapes pourtant modeste. Ca fait réfléchir…
CR