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La pinasse c'est bateau made in Afrique avec des planches clouées, deux gros moteurs diesel derrière et des bâches pour faire de l'ombre parce que le soleil ça tape quand même. On prenait le bateau à Mopti pour aller jusqu'à Tombouctou, nickel pour se refaire une petite santé parce que Rose-Marie était bien touchée après 2 semaines à courir partout avec les jujudede suivi d'un petit voyage de 13 heures dont 8 heures de piste et une bonne partie dans un pick up 404 à 23 !!!


3 jours de navigation ça allait recharger les batteries de Rose-Marie qui s'était quand même bien remise de son palud et de l'accident de voiture de 2 jours avant.

Le voyage commence ... enfin on attend 4 heures et le voyage commence, c'est le délai minimum en Afrique pour partir. La pinasse fait 20 m de long pour 4 de large, on doit être 8 blancs et 30 africains. On sympathise avec les blancs et ça se passe nickel, les bords du Niger c'est assez monotone, on guette les hippopotames mais keudal. Il y a un mec son job c'est retirer l'eau de la pinasse au fur et à mesure qu'elle rentre, on m'explique que c'est normal, ça mouille le bois et que c'est comme ça que ça reste étanche ??? C'est parce que c'est pas étanche que c'est étanche ? Peu importe c'est pas moi qui écope.

Première nuit, installation de la moustiquaire et commençage du Dodo. Pas top de dormir sur des sacs de mil, c'est dur et ça fait mal au cul et il y a des trous entre les sacs en plus il y a toujours le mec qui écope qui fait du bruit. Au moment où je m'endors je me fais réveiller par un mec qui m'explique qu'il y a un trou dans le bateau et que je dois sortir du bateau pour qu'ils puissent sortir les sacs de mil et accéder à la fuite.

En effet au font du bateau il y a carrément une petite rivière et le mec continue à écoper comme un fou. Rangeage de toutes les affaires et direction la berge où on décide de dormir à la belle étoile sans moustiquaire parce que il y très peu de chance que un de nous se dévoue pour la tenir pendant que les autres dorment. De toute manière le palud Rose-Marie l'a choppé c'est pas la mort et on se fait bouffer tout le temps.

Je commence à bien dormir et il y a l'empêcheur de pioncer tranquille qui remet ça. C'est le mec qui tous les matins monte dans la mosquée pour chanter faux la même chanson pendant une heure dans une sono qui a un son archi pourri. Au moment où il s'arrête c'est le moment de repartir. Pas bcp dormi pour la première nuit de ce voyage de repos.

On repart. A cette saison le Niger est assez bas et pour éviter les bancs de sable ils utilisent un sonar. Leur sonar c'est un mec avec une perche qui se met au bout du bateau et qui plante la perche une fois à droite une fois à gauche pour voir si il y a un ban de sable. Je sors sur l'avant de la pinasse et je regarde au loin un mur de sable qui se lève, c'est la tempête. On en parle avec un africain 2 minutes quand je sens la pirogue qui entame un virage tout bizarre forcément pas commandé par le gouvernail. Suit un crac énorme juste derrière moi, je me retourne et je vois la coque toute ouverte à l’endroit où on dort. On vient de se prendre un ban de sable, avec leur technique de sonar à mon avis quand il détectent le ban de sable ils ont juste le temps de faire une prière.

Rapidos je récupère mes affaires et je monte avec Rose-Marie sur le point le plus haut du bateau. J'entends un deuxième crac encore plus fort, je me baisse et je vois que le bateau est cassé à un deuxième endroit, tout l'arrière du bateau est maintenant sous l'eau, les bagages commencent à dériver dans le courant et des gens nagent pour aller les récupérer. Pendant ce temps là des gens font des grands signes pour alerter des pêcheurs que l'on aperçoit pas trop loin, on est quand même à la sortie d'un grand lac et les berges sont autour de 300 m plus loin. Je ne m'inquiète pas parce que je vois le ban de sable au fond de l'eau et la pinasse est posée dessus.

Les pirogues finissent par arriver et on nous ramène sur la rive. On rentre dans un village de pêcheurs ou personne ne parle français, un malien va s'occuper de nous et tout gérer avac "le vieux", le chef du village. Ils vont nous filer des tonnes de bouffe ... du riz au gras avec du poisson fumé, vous me croirez pas si vous le voulez mais la bouffe était vraiment ... dégueulasse. Si si, vraiment. Ca faisait déjà 2 jours que j'en avais marre de ce riz au gras, j'ai essayé la bouillie de mil, 4 louches ça va, je pense qu'à la 5 eme je gerbais. j'avais déjà les larmes au bord des yeux à la 4 eme. Bon, notre pinasse a coulé vers 15h00 et un bateau devrait passer nous prendre vers 19h00, c'est cool.

Sur ce coup là j'ai été naïf, au bout de 3 semaines en Afrique j'aurais du comprendre que bientôt ça voulait dire tu vas passer la nuit au village, trop con le mike. Les 8 blancs on attend sous un abri de paille avec environ 60 villageois qui tout autour qui nous regardent. Je vais faire un petit tour dans le village, tout le monde veut se faire prendre en photo et j'ai le malheur de faire regarder dans le viseur à un gamin, du coup je dois faire regarder dans le viseur à tous les gamins et à pas mal d'adultes aussi.

Heureusement qu'on a acheté plein de bouteilles d'eau avant de partir, j'en aurais pas acheté la moitié si les gens de la pinasse en m'avaient pas forcé la main. La nuit tombe et on les blancs on se répartit dans 2 cases. Ca va faire la deuxième nuit sans moustiquaire mais c'est pas dans un village au bord du Niger qu'on trouver des moustiques ? Je me couche et je sens un truc qui me marche sur le bras, j'attrappe la lampe torche ... putain une énorme souris qui flippe à peine que je l'éclaire ! Ca s'annonce trop bien la nuit à 4 dans la case qui fait à peu près la taille d'un lit 2 places. Surtout qu'il pleut et le toit n'est pas étanche, je sens des gouttes, il commence à y avoir grave du vent et j'ai du sable qui me rentre partout dans les yeux, le nez et les oreilles parce que j'ai la tronche en plein dans un gros trou face au vent. L'italien n'est pas top rassurré depuis que je lui ai dit qu'une souris m'a couru dessus, "chrrristo !!!" qu'il a dit :-)

Finalement j'ai quand même dormi mais je dois avoir 1kg de sable dans les cheuveux et j'ai la dalle. Ca tombe bien il y a à bouffer, du riz au gras, ben non merci alors. Normalement le soir on doit être à Tombouctou, je tiendrai jusque là. Je vais voir Baba qui est bien au courant de ce qui se passe, la pinasse qui devait arriver le matin finalement n'arrivera que en début d'après midi, on sera le soir à Tombouctou vers 4h du matin. Pour faire plaisir je mange un peu de riz au gras mais je pense que ça doit se voir à ma gueule que je ne trouve pas super bon. Je pars faire un tour dans le village et je me fais inviter par un pêcheur à manger, ok je me lave les mains dans le Niger et je vais manger un peu avec lui ... encore du riz au gras, deux poignées et puis ça va.

Finalement un bateau passe et nous annonce que c'est le notre. Trop bon, en plus c'est l'heure qu'on nous avait dit, enfin la troisième heure, il doit être 14h00. Tout le monde ramasse ses affaires en 4eme vitesse, je file quelques médicaments au chef du village pour le remercier en on monte dans une pirogue. Direct dans la pirogue ça allait plus trop pour moi. Enorme envie de chier et aussi de gerber, je suis dans une pirogue c'est pas super confortable comme position. J'ai un peu repassé en revue toutes mes tactiques pour gerber aux soirées mais au fond de moi même je sais très bien que quand j'ai envie de gerber je finis toujours par gerber. J'essaie surtout de calculer la vitesse de progression de la pirogue par rapport à la pinasse, je sais qu'il il y a un chiotte derrière les moteurs, c'est à dire un trou dans la coque avec un rideau devant. Normalement ça devrait être bon, ma tactique c'est de laisser les autres porter mes affaires pendant que je vais courir aux chiottes. Le premier obstacle à mon plan c'est que la pinasse n'est pas la bonne pinasse, la notre est quelques centaines derrière.

Trop trop bon, les perchistes laissent dériver notre pirogue dans le petit clapotis, excellent quand t'as envie de chier par tous les trous. J'arrive à faire un maxi contrôle, je choppe le PQ et j'attends la pinasse. Comme ça se passe je devine aussi que je vais chier à environ 1m50 des mecs de la pirogue, le trou des chiottes se trouve tout à l'arrière dans un partie sur élevée de la coque. Je file mes affaires, je monte dans la pinasse et je me prépare à courir aux chiottes. Le deuxième truc que je n'avais pas prévu dans mon plan c'est qu'on en peut pas courir dans une pinasse, pour passer du milieu à l'arrière c'est plutôt un 4a, quand t'es plus trop étanche et en tongues ça devient vite du 5c.

Ca se termine pas trop mal, je chie et j'ai même droit à un rincement de cul au moment du redémarrage. Je réintègre ma place, j'ai de la fièvre et la gerbe j'espère que c'est pas le palud. Je prends une aspirine et je dors en vrac sous un banc. Pas bonne idée parce que je vais me fracasser le crâne en me relevant au moins 2 fois. Le soir je ne mange pas et on n'arrivera pas à Tombouctou parce que le bateau s'arrête de bonne heure, le patron ne veut pas naviguer de nuit à cause du niveau trop bas. Il faut se mouiller jusqu'à la taille pour aller sur la berge, je préfère donc dormir sur la bateau, mauvaise idée, les sacs sont tordus et durs, l'italien ronfle terrible, avec ma fièvre je ne dors pas de la nuit je pense. Les africains écoutent tous leur poste radio à fond, il rient et parlent super fort. En pleine nuit je retourne aux chiottes mais par une autre voie, plus aérienne mais plus facile. Et je gerbe, comme prévu quand j'ai envie de gerber une fois je finis toujours par gerber. Comme j'ai bouffé des masses depuis un moment c'est pas cool de gerber.

On repart le matin, j'ai toujours la dalle mais ça va mieux, je suis guérri, j'ai juste du bouffer un truc pourri. Le soir on sera à Tombouctou donc je fais encore l'impasse sur la bouffe. Sauf que le soir on n'y est toujours pas, le bateau fait encore une escale pour la nuit. Ce coup-ci je pars dormir sur la berge à la belle étoile, je passe l'eau en slip. Une bonne nuit excellente sans postes radio. Plus tard j'apprendrai que tous les africains qui portent un poste radio sont des aventuriers qui ont quitté leur village pour la ville et qu'ils l'affichent avec leur poste quand ils voyagent, plus ça fait de bruit mieux c'est.

Le soir on arrive enfin à Tombouctou. Tout le monde se sépare, avec Rose-Marie on continue avec l'italien qui est très sympa. Le soir je bois plein de binch, je bouffe un couscous et c'est BOOOOOON (le lire avec l'accent de Chevalier qui mange de la pizza pomme de terre).

Le lendemain soir on partira dans le desert avec un touareg dormir dans un campement. Et là putain la présence d'esprit du Mike, je lui demande qu'est-ce qu'on mange au campement ? On me répond bouffe locale. Moi j'ai rien contre la bouffe locale, je me suis régalé jusque là en Afrique mais je demande quand même des précisions. Ils finissent par lâcher le morceau, c'est du riz au gras, je m'en doutais et on ne me la fait pas à moi. Comme je suis devenu assez balaise en négociation j'ai demandé du couscous à la place avec du poulet, ça m'a pris pas loin d'une heure mais ça valait le coup. Du coup maintenant je suis aussi saturé du couscous parce que j'en bouffé tous les jours ensuite.


Et le plus fort de tout c'est que dans le vol Air France de retour au menu il y avait du riz au gras ou poisson couscous !!! Moi j'ai pris poisson :-) Hier midi chez la maman de Rose-Marie on a mangé du poulet alors qu'on a mangé ça pendant 4 semaines.