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L'orgueuil est un défaut, parfois une qualité, partagé par tous et je n'en suis pas le moins démuni. Aussi, suis-je depuis longtemps tenté par courir le marathon, histoire de cocher la case et de dire: « Je l'ai fait ! ». Mais uniquement pour cela. Parce-qu'en réalité, cracher entre 50 et 100 € pour tourner en rond et en troupeau dans une ville, ce qui est le cas de la plupart des marathons, ne m'interesse pas du tout.

 

 

Alors, ce printemps, quand j'apprends que le Xibero Trail 2017 qui se déroule « sur mes terres », passe en format marathon pour sa troisième édition, j'y vois là l'occasion de satisfaire à toutes mes exigences à la fois. Superbe parcours, 42kms, 2800m D+, passant dans les gorges d'Holzarté et sur sa passerelle, une vingtaine de kilomètres de ligne de crête ininterrompue, deux sommets dont le pic d'Orhy, départ et arrivée dans un très beau village de montagne, cette course a vraiment tout devenir une référence si elle arrive à se faire une place dans un calendrier déjà surchargé.

 

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Une bonne partie du parcours, par beau temps.

 

 

Manque plus qu'à s'entrainer.

Je tente bien de recruter quelques adeptes Grimperoots par mail, vantant la douceur des collines basques, sa météo toujours clémente, etc mais seul Etienne fait semblant d'être tenté avant de justifier son refus par un mal de dos qui ne l'empêche apparemment pas de passer du 7b dans le grand dévers.

L'entrainement donc.

Je m'y mets fin mai, une fois que je suis sûr que la saison de ski est bel et bien terminée. La sortie revancharde au  Balaïtous sera en fait la dernière. Fin juin, je suis au fond du trou. Grosse méforme, une semaine cassé en deux par mon hernie discale, aucune motivation. Si on dit qu'il ne sert à rien d'avoir son pic de forme trop tôt, alors je suis bien dans le rythme.

Puis peu à peu, je me remets dedans, j'augmente la distance sans pouvoir faire de dénivellé sur Bordeaux.

J-20, les vacances et enfin la possibilité de courir en montagne. Et je ne m'en prive pas. Enfin, courir et un bien grand mot car pour l'instant ça ressemble plus à de la rando rapide. Mes cuissots ne sont plus habitués à la pente et il me faut parfois quelques jours de récup entre deux séances. Peu à peu, tout rentre dans l'ordre et je peux courir plus longtemps. Mais je demeure lent, très lent.

 

Jour J, samedi 5 Août. Il faisait beau la veille et il fera beau le lendemain. Mais là c'est ciel très bas, vent et gros crachin en montagne. C'est la Soule quoi. Lever 5 heures pour départ à 7 heures, ça me suffit.

Je décide de partir prudemment, certainement trop car je me retrouve un peu bloqué par le flot des coureurs à l'arrière de la course, parfois obligé de marcher sur les sentes les plus étroites. L'entrée dans les gorges d'Holtzaté permet de décanter un peu mais je reste sur un faux rythme.

 

 

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Le passage sur la passerelle d'Holtzaté reste toujours un moment

fort de ce trail même pour ceux qui connaissent l'endroit.

 

 

Premier ravito au 12ème km sous un bon crachin (1h36, je sens bien que je suis lent mais pas à ce point quand même !). Il ne fait pas vraiment froid mais je suis trempé.

L'arrivée sur les crêtes au niveau du relais d'Otxogorri se fait dans le brouillard le plus épais. Moi qui craignait la canicule, j'en arrive à regretter de ne pas être au dessus des nuages. De ce point, on peut normalement voir quasiment les 20 kms suivants.

 

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Soit disant qu'au dessus, il fait beau ...

 

Lentement mais sereinement, les kilomètres défilent, je m'arrête volontiers aux ravitos histoire de faire honneur aux patients bénévoles frigorifiés sous leur capuche. Toujours deux-trois connaissances en cours de route ou aux ravitos pour discuter et autant de minutes qui s'envolent …

 

Le passage versant navarrais (21kms et déjà 3h24 de course) s'accompagne brusquement d'un grand ciel bleu permettant de voir la suite du tracé et surtout le fameux mur d'Otxogorrigaña et ses raides 200 m de dénivellé droit dans l'herbe.

 

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 Quelques kilomètres de monotraces avant THE mur ...

 

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 Droit dans l'herbe.

 

Au sommet du mur, avec la soudaine chaleur, je suis bien sec et je ne me force pas trop pour m'assoir quelques minutes et essayer de manger et boire. Je repars ensuite dans le brouillard, la fatigue et le vent lattéral m'empêchent de courir dès que la pente se redresse ne serait-ce qu'un peu.

Km 30, 5h20 : Port de Larrau, au pied de la dernière difficulté, la montée au pic d'Orhy 2017m, point culminant du parcours (et du Pays Basque!). Avant dernier ravitaillement. Toujours le vent et le crachin, j'ai froid mais on devine que le soleil n'ai pas loin. Une demi-heure plus tard, je suis effectivement au sommet ensoleillé, un selfie avec Alain avant de plonger dans les brumes et la boue versant opposé. Il reste 8 kms de descente pour perdre 1400m. Je me sens très bien et pour la première fois depuis longtemps, je me mets à doubler des coureurs. Nico dans son sac poubelle en guise de poncho (votre poncho Mr Ouille !) est là comme prévu avec ses bouteilles d'eau dans l'endroit le plus glauque du parcours. Un verre de Coca au dernier ravito puis c'est la descente dans la plus belle hétraie du monde (voire de l'univers mais je ne les ai pas toutes vues) toujours dans une ambiance brumeuse fantastique.

 

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Passage à la chapelle Saint Joseph où Jean se fera un devoir de faire sonner les cloches à mon passage.

 

Derniers kilomètres, j'arrive à gratter quelques places pour finir en 7h15 (et 164ème sur 350 environ).

Bières et sandwiches.

 

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Bilan :

 

Mitigé car si je suis très satisfait d'avoir participé à mon premier marathon, le chrono et la manière laissent à désirer. Je m'étais fixé 7 heures grand maxi avec, dans un coin de la tête, pourquoi pas approcher les 6h30 s'il ne faisait pas trop chaud (ce qui était largement le cas). Je pense que je suis parti beaucoup trop lentement en me laissant partir avec l'arrière de la course et que je suis resté dans ce faux rythme pour moi ensuite. De plus, beaucoup de temps laissé aux ravitaillements (je pense plus de 20 minutes au total, mais c'est que j'en avais certainement besoin) ou discuter et à prendre des photos ici où là … Par contre, aucune douleur ou fatigue excessive, avec même le sentiment que j'aurais pu courir encore pas mal.

Donc, peux mieux faire, j'espère, et pourquoi très vite si des motivés se font connaître !

 

Quelques liens et vidéos :