Xavier et moi sommes partis pour un tour de la Meije en semi-autonomie (hors-sac en refuge) le 27 mars très tôt de Lyon. On est redescendu de la montagne deux jours plus tard, un jour trop tôt et pas du bon côté pour des raisons météo, mais deux fois plus nombreux… Récit du 27 au 30 mars 2015.

 Massif de la Meije.

Participants : xavier, grégoire, pierre, adam

Le groupe :

• Xavier est un très bon alpiniste. À peine redescendu de son ascension du Mont-Blanc en hivernale légèrement traumatisante, il était peu enclin à prendre des risques, malgré son goût pour les défis. Discret, c'est un partenaire de grande confiance !
• On a rencontré Grégoire et Pierre au refuge d'Adèle-Planchard le premier soir. Ça a tout de suite collé entre nous. Puisqu'on suivait le même topo, on a fait le chemin ensemble et on a partagé plus que le chemin. Grégoire est un sacré loustic ! Goguenard et serviable, un terrible compagnon d'aventure. Son métier : vendre des scies chirurgicales… Pierre est un skieur hors-pair. Plus réservé, il n'a pas la langue dans sa poche après un bière ou deux : « - Ah, les guides ! Un ou deux flocons et on annule la sortie… »
• Adam, narrateur.

Le parcours :
    Au départ, on voulait faire le tour de la Meije en quatre jours, du vendredi au lundi, par les refuges d'Adèle-Planchard, du Promontoire et de l'Aigle. La tempête annoncée pour dimanche 11h, ajoutée à la confusion inhérente au passage à l'heure d'été, la prudence des guides présents au refuge ainsi que l'insistance du gardien du Promontoire à ne pas nous engager vers le glacier de la Meije et de revenir plus tard par beau temps ont eu raison de notre motivation. On est redescendu vers la Bérarde et on est rentré à Lyon après une belle aventure en montagne et un petit coup de stop sympa  pour retrouver nos véhicules.

Parcours du Tour de la Meije :

- Départ du foyer de ski de fond de Villar-d'Arêne.
- Bleu = Trace,
- Cercles rouges = refuges
- Cercles bleu = sommets,
- Rouge = parcours prévu
- Vert = parcours du     dernier jour.

J1 : Villard-d'Arêne (1667m) → Refuge d'Adèle-Planchard (3169m)
  Dénivelé positif : 1600+m ; Durée : 7h00.

    Partis à 5h du mat de Lyon, on est à 9h00 sur les skis au foyer de ski de fond de Villar-d'Arêne. Il fait beau et le peu de neige nous oblige à porter dans les gorges de la Romanche. Après un raidillon glacé nécessitant les couteaux, on est enfin dans les Écrins sauvages, seuls ! On descend d'une centaine de mètres à droite au Refuge de l'Alpe de Villar-d'Arêne, avec les peaux pour déjeuner au bord du torrent de la Romanche.

Déjeuner au bord du Torrent de la Romanche. Au fond, le Valfourche.

    On prend à main gauche au pont de Valfourche ; la route de l'après-midi est longue. D'abord la longue remontée du vallon du glacier de la Plate des Agneaux, surplombé par le glacier de Tombe Murée. Puis la longue, très longue pente raide en direction du refuge. Orientée plein sud, nos sacs lourds de quatre jours de nourriture, l'alternance subite de neige dure et de soupe, on en chie grave. À 3000m, le refuge est toujours invisible et on désespère… On arrivera vers 16h au Refuge d'Adèle-Planchard, heureux de se décharger enfin et de saluer les 6 autres hôtes, dont Grégoire et Pierre. C'est le premier soir d'ouverture, le refuge est vide et c'est très agréable !

Panorama depuis Adèle-Planchard le soir.

J2 : Refuge d'Adèle-Planchard (3169m) → Refuge du Promontoire (3082m)
  Dénivelé positif : 1600m ; Durée : 7h30.
 

Panorama depuis Adèle-Planchard le matin.

    Départ 7h00 après un lever de soleil inoubliable sur la Barre des Écrins pendant le petit-déj. On part vers la Pointe Brevoort (3765m) qu'on atteindra en deux heures en prenant soin de laisser les sacs et de passer en piolet/crampons pour les cinquante derniers mètres. La vue matinale et parfaitement dégagée est imprenable. Kif !

La Barre de Écrins au petit matin.

    On passe ensuite le col des Neiges (3348m), peu enneigé et technique. La descente à ski est verglacé et assez raide. Ça fout les jetons mais le plaisir est grand une fois en bas ! On repasse les crampons pour le col de la Casse-Déserte dans lequel « les pompiers » qui nous précèdent ont taillé des marches parfaites.
    La descente face ouest vers le refuge du Châtelleret est très changeante. D'abord très raide (45° dans de la bonne neige), puis poudreuse au milieu des crevasses, on expérimente 200m de neige croûtée très dure à skier, puis, en dessous de 3000m, une neige compacte, tassée, parfaite à prendre à fond sans se poser de question. Surkif de 600m de dénivelé !
    Déjeuner sur la terrasse du Châtelleret puis remontée express (800m en 1h30) au Refuge du Promontoire, étriqué et froid mais gardé par une famille très sympatique, Freddie et Nathalie. Une magnifique journée de rando !

Lever du soleil depuis Adèle-Planchard. En haut à droite, la Pointe Brevoort.

Massif de la Meije depuis la Pointe Brevoort.

Au centre, le refuge du Promontoire. Samedi après-midi.

J3 : Refuge du Promontoire (3082m) → La Bérarde (1713m)
  Dénivelé positif : 275m ; Durée : 3h30.

    La météo du jour n'est pas bonne. Il doit faire beau jusqu'à 11h avec beaucoup de vent (80-100km/h) sur les arêtes. Ça nous laisse à peine le temps de traverser le glacier de la Meije vers le refuge de l'Aigle (3450m). Ensuite, ça serait brouillard épais, 50cm de neige annoncés d'ici lundi… Le risque de se retrouver bloquer 48h à l'Aigle est élevé !

 Le temps dégueux du dimanche matin.

   On prend le parti de partir tôt, 7h00 nouvelle heure, non sans oublier une corde et des lunettes de soleil au refuge. Avec le demi-tour, on perd du temps précieux et on est après 8h au sommet de la brêche de la Meije. Le sommet de la Meije est déjà dans un gros nuage moche, le vent souffle fort et le temps est clairement changeant. Le rappel à tirer pour passer de l'autre côté et les multiples crevasses sur le glacier de la Meije achève notre fragile de motivation.
    Heureusement la descente sur la Bérarde se fait en plein soleil, dans une neige délicieuse, tombée la nuit même. On arrive au village autour de 10h30 pour déguster quelques bières et espérer un véhicule qui nous descendrait à Bourg-d'Oisans. Avec Grégoire, on mettra trois heures pour aller à Villar d'Arêne en stop et revenir avec les bagnoles.

La Brêche de la Meije (3357m)

La fine équipe…

Les photos :