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Participants: Géraud et Hubert.
Résumé:
Le binôme Géraud-Hubert arpente les voies d'Ailefroide et fait une
tentative à Montbrison.

Hubert (resp. Géraud) part de Paris en TGV (resp. de Bordeaux en 807)
et se rejoignent à la gare d'Argentière-la-Bessée (vallée de la
Vallouise, Hautes-Alpes) vers 20 h le Lundi 01/08/2016. On atteint le
gîte réservé par Laurence et les 3 autres copains-ines d'Hubert vers
21 h. Le gîte est sis au village de Pelvoux, à 100m d'un chalet du CAF
(dans lequel nous nous replierons en fin de séjour, i.e. les 8-9-10
Août).

Quotidiennement (sauf Samedi 06/08) nous montons en voiture jusqu'à
Ailefroide.  Autour de ce village, de nombreuses parois, aussi bien
dans le vallon qui monte vers le refuge du Pelvoux que dans celui qui
monte vers le refuge du glacier blanc, sont parcourues de voies
d'escalade, en majorité équipées (de spits).

http://www.camptocamp.org/parkings/106735/fr/ailefroide

Nous avons, en général, grimpé une voie par jour d'une dizaine de
longueurs de corde (8,5 en moyenne), en réversible. Il s'agit [à
Ailfroide] de GRANIT et le style qui domine est celui de l'escalade en
DALLE (que l'on remonte par friction, avec un creux à l'estomac
proportionnel à la distance au dernier spit). Il y a aussi, toutefois,
des secteurs raides à petites écailles (sur lesquelles on tire avec
les doigts), des petits surplombs (que l'on franchit à bras
raccourcis), des toits (que l'on contourne), des piliers (que l'on
gravit directement), des grandes écailles (que l'on passe en Dülfer)
et sans doute des dièdres et des fissures (quoique je ne me les
rappelle pas, mise à part LA fissure d'Ailefroide; on les aurait
remontés en écart et en coincements).

1- Mardi 02/08/16: "La Cocarde"
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5c+ max (5b obligatoire), 6 longueurs.
descente: 4 rappels.

Très belle entrée en matière.

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ailef84

 

Hubert était très à l'aise dans les
dalles, je l'étais nettement moins, menfin, après 6 longueurs on en
ressort déjà pas mal accoutumé. L'itinéraire à suivre en L2 n'est
guère intuitif: chapeau bas à Hubert qui a traversé vers la droite et
même redescendu un peu pour finalement aller attraper le R2. Sur cette
succession de dalles, j'ai senti monter en moi le besoin d'acheter des
chaussons vraiment confortables, et l'ai satisfait, vers 19h du même
jour, dans une boutique de sport d'Ailefroide.

2- Mercredi 03/08/16: "Ils y passeront tous"
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6a+ max (6a oblig.), 7 longueurs

descente: 4 rappels

La voie est soutenue (6 longueurs en 6a ou 6a+) et magnifique. La L3
est une dalle très fine en 6a+. La L4 est une traversée ascendante
vers la gauche, ou l'on découvre de nombreuses écailles, "au dernier
moment" (6b sur le topo de Cambon, 6a+ sur C2C).

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3- Jeudi 04/08/16: "Snoopy directe"
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6b max (5c oblig.), 9 longueurs

descente: par un sentier, on descend quelques minutes a pieds, puis 30
metres en via ferrata (cable) et 30 m "les anneaux a la main" en
mousquetonnant des spits, puis on suit un sentier raide mais bien
tracé.

De nombreuses longueurs en dalle fine,

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[Dalle avec Dülfer]

snoopyd l10droite

[Dalle de L10]
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 [Dalle mauresque]

particulièrement la L8 (à mon
avis). J'étais ravi de retrouver la descente qui est aussi celle de
LA "fissure d'Ailefroide", que j'avais escaladée en 1978.

4- Vendredi 05/08/16: "Pilier du levant"
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6a+ max (5c obligatoire), 7 longueurs.
descente: 4 rappels.

On cherchait une jolie voie, pas trop longue, ni trop fatigante.

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On a, finalement, parcouru 9 longueurs, grace à de nombreux zigzags,
et atteint le sommet du " Pilier du levant" .
Le nom de la voie que nous avons parcourue s'avère être "l'Arête à Francis".
Elle était plutôt dans un niveau 5c (sauf un pas super-dur que nous
avons franchi en A0) et assez souvent à droite du piler (à partir de
L5). Si ce style vous dit ... Nous sommes un peu déçus tout de même

puisque nous n' avons pas atteint notre objectif initial. Une
cordée à notre gauche, qui souhaitait faire la "riviere Kwai", pense
plutôt avoir fait " le pilier du Levant " (les veinards, de notre
point de vue; quoique, du leur, ils n' ont pas atteint leur objectif ;

ce qui fait que , par empathie, je ne suis pas plus heureux en me plaçant, avec mes neurones miroirs, à leur place).

N.B. Quoique nous fuyâmes à droite du pilier, le vent nous
réfrigérait pas mal quand-même.  Le coupe-vent remplissait son office. Le Merinos qui avait fourni , malgré lui,la matière de mon tee-shirt, n'avait pas été maltraité en vain.

5- Samedi 06/08/16: Tenailles de Montbrison - Doigt de Droite: "En avant la Zizique"
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6a+ max (5c obligatoire), 12 longueurs.
descente: 7 rappels.

Les tenailles de Montbrison forment un bastion rocheux incontournable,

fait de calcaire gris, sur les hauteurs de la rive gauche de la Vallouise .

On atteint en voiture le village de Bouchier, par une route
forestière, que l'on poursuit encore 3 km jusqu'à un petit ruisseau
qui descend des tenailles. (Ce dernier troncon de 3 km n'a rien à
envier à la piste qui monte au barrage d'Ossoue: on y touche à peu
près le même nombre de pierres rondes avec les protections de carter).

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Une belle montée sur sentier suivie d'une montée moins confortable à
travers des éboulis nous mène en 2 heures à l'attaque de la voie (vers 10 h).

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L1 en dalle calcaire nous surprend à cause de sa texture,
qui est bien différente de celle du granit auquel nous sommes maintenant
accoutumés .

Puis L2,L3 sont gravies sans surprise.

Je commence L4 par une traversée vers la gauche où je mousquetonne un
spit. Puis remonte un dièdre sans trouver de spit ,mais je sangle un
bloc coincé puis installe un friend. Quoique surpris par ce manque d'
équipement, je me dis qu' en suivant une petite vire vers la droite,
je croiserai nécessairement toute ligne de spits qui parcourt la face à
ma droite: le raisonnement est juste mais, hélas, l' hypothèse s'avérera
fausse: la ligne de spits était à ma gauche !! J' atteins ainsi le
pied d' une fissure pourrie que je remonte jusqu'à un relai (R'4)
pourri (d' ailleurs j'ai oublié de prendre les grandes sangles, ce qui
accentue le côté "pourri" de mon relai, basé sur différents béquets
que j'encercle, séparément, chacun par une sangle courte).

Tirer un rappel là-dessus ne m'inspire pas et j'espère qu' en amenant
les grandes sangles Hubert pourra renforcer ce "relai" et redresser la
situation (que l'on continue vers le haut, le bas, ou en traversée
pour retrouver la voie correcte). Hubert monte et ... m' annonce
qu'il a trouvé la ligne de spits: elle monte vers la gauche à partir
du bloc coincé. Du coup Hubert grimpe en tête jusqu'au relai R4
correct. Puis je désescalade jusquau bloc coincé et remonte, assuré
par Hubert jusqu'à R4. Ouf . Cette première péripétie est surmontée.

On continue jusqu a R10. J' attaque la L11 plein d' espoir d'
atteindre le sommet prochainement mais ... ne trouve à nouveau plus de
spits après les 3 premiers.  Je trouve certes des pitons, dont un
flambant neuf, ce qui m' encourage (vaguement) à grimper jusqu' à
... une cordelette: le relai ?? [Grouchy ??]

Pas du tout!  ["c'etait Blücher !"] elle est installée sur un bloc
(mal) coincé, que j'arrive à déplacer en tirant dessus avec une sangle
(sur laquelle j'espérais faire rappel).  Rebelotte: je désescalde
jusqu'à R10 (en abandonnant un mousqueton à vis pour me faire mouliner
sur les 10 derniers mètres, qui sont en 6a).  Cette fois-ci notre
moral est sérieusement entamé: nous renonçons.

Plus que 6 rappels

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(car les fameuses "vires" à désescader, selon le
topo, ne sont pas très sympathiques et nous les avons remplacées par
un rappel depuis R8 (complété par 5 m de désescalade facile jusqu'au
rappel suivant). Puis une heure de descente dans les pierriers jusqu'à
la voiture (vers 20 h).

En résumé: nous avons progressé dans un joli dédalle de dalles.
Quant au sommet: que dalle !


6- Dimanche 07/08/16: "La cours de récré"
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6b+ max (6b+ obligatoire), 5 longueurs.
descente: 3 rappels.

Après nos aventures nous nous orientons vers une voie courte (donc
reposante, croyons-nous). La longueur 1 consiste à remonter des dalles
peu pentues, mais néanmoins de niveau 3, heureusement spitées (3 ou 4
spits).  Comme prévu il y a 2 longueurs de 6b en dalle (6b obligatoire
dit le topo de Cambon).  C'est bien ça et ... ça fatigue les mains
(les prises sont rugueuses).  Il en manque une, d'ailleurs, depuis
notre passage (toutes nos excuses), dans la strate horizontale qui
conduit au R2.

La L3 fait moins mal aux doigts et ne comporte pas de prise amovible (
a priori).  La descente: ne faites pas comme moi ! J'ai admirablement
bien déroulé la corde tout en descendant le premier rappel (aussi bien
que Etienne en resdescendant le jardin de Lisa, au Quié de Sinsat, par
exemple). Par contre, je n'ai pas visé le bon endroit (gosh-gosh).
J'ai donc dû remonter 10 m au prussik pour ensuite courir sur la

paroi, vers ma gauche, jusqu'à trouver le haut du second
rappel. Hubert dit que toutes ces manoeuvres m'ont pris un certain
temps. Il doit avoir raison, le temps passe si vite lorsqu'on est
occupé à jouer avec les cordes, les cordelettes et le descendeur...
Bon, je regrette sincèrement. Ceci dit, entre coincer un rappel (voir
le CR "pas d'Espadon au pic d' Espade") et seulement descendre trop
bas dans une mauvaise direction, je préfère cette seconde distraction,
qui est bien plus esbaudissante.

Le second rappel, en fil d'araignée, fait davantage plaisirDSC00111

7- Lundi 08/08/16: "La part des anges"
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6a+ max (5c oblig), 9 longueurs
descente: 4 rappels.

Les longueurs peuvent être courtes (car la voie zigzague entre des
toits), mais elles sont toujours de niveau >= 6a. C'est joli etDSC00113seulement à 50% de la dalle.

Il y a beaucoup de traversées et un peu
de franchissement de petits toits. En pensant au film de Ken Loach,
j'ai déversé ma "part des anges" sur un relai herbeux.


8- Mardi 09/08/16: "Repos"
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En fait nous montons à pied au lac de l'Eychauda, pleins
d'arriere-pensées pour les rochers du Pierron, qui dominent ce lac, au
sud et sont parcourues de plusieurs voies d'escalade en face
sud-est. Nous repérons (au prix d'une marche aléatoire dans un
mauvais pierrier qui n'est pas celui indiqué par le topo) l'attaque
de la voie "il n'y a pas le feu au lac". Quelques averses en début d'
après-midi confirment la justesse de notre analyse de situation du
matin: il n'est pas raisonnable de se lancer dans une voie d'escalade.
N.B. Indépendamment, l'analyse que j'avais faite de l'état de mes
mains, aboutissait à la même conclusion: il était souhaitable de ne pas
grimper pendant au moins 24 heures (même en dalle).

9- Mercredi 10/08/16: "La marche au supplice"
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6b+ (6a oblig), 11 longueurs
descente: 4 rappels.

Voie superbe. Le tracé est en ascendance vers la droite. On franchit
bien sûr des dalles,DSC00116

on entreprend des traversées, et on sort sur un
pilier bien vertical,

pilier marche au aupplice

[H et G sur le pilier, vus depuis une voie plus en amont]

suivi d'une dalle bien raide.


Bilan:
- 67 longueurs de corde d'escalade
- 29 rappels SANS AUCUN coincement !!
- 1 seule remontée de rappel au prussik (sur 10 m)
- 2 désescalades (hmm, j'en conclus que l'entrainement à la désescalade ne
 doit pas être négligé)
- 68 relais dont un seul pourri (R'4 au doigt de droite de Montbrison).

Un excellent séjour, en somme, sur des dalles de granit avec du
paysage, des émotions, des évocations culturelles variées (Boris Vian,
Ken Loach, Berlioz), de la froideur minérale (dans le pilier du
Levant), de la chaleur animale (de merinos) et beaucoup de chaleur humaine.